Adapto : vers une gestion souple du trait de côte - Baie de Lancieux

Beaussais-sur-Mer, Lancieux – France

Porteur du projet: Conservatoire du Littoral

Dates : 2018-2022

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

Le projet Adapto cherche à faire la preuve par l’exemple de l’intérêt d’une gestion souple du trait de côte comme solution d’adaptation des territoires littoraux au changement climatique. C’est un projet financé par le programme Life de l’Union Européenne, et porté par le Conservatoire du Littoral et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. 

En France, ce projet est déployé à l’échelle de 10 territoires pilotes, dont le site de la Baie de Lancieux, Bretagne. Entre le XIIIème et XIXème siècle, la construction successive de digues et de canaux d’irrigation ont permis de gagner des terres cultivables sur le marais maritime. Durant les 30 dernières années, l’humain n’a eu de cesse d’entreprendre des travaux sur les digues pour rénover et maintenir ces espaces. Depuis 2015, une réflexion collective s’est engagée autour d’une gestion souple de ces polders. Le Conservatoire du Littoral a alors successivement acquis et renaturé plusieurs polders. L’objectif d’Adapto pour ce site est de capitaliser sur les apprentissages issus de la gestion qui y est menée, et de poursuivre les réflexions sur l’évolution du site à long terme en prenant en compte les impacts du changement climatique.

Pour cela, le Conservatoire entreprend une série d’actions sur le site: (1) L’acquisition foncière de 54 ha (polders de Lancieux et Beaussais); (2) Des travaux de création de nouveaux cheminements pour accompagner l’évolution du trait de côte; (3) Une modélisation des aléas de submersion selon différents scénarios de gestion du trait de côte; (4) Une cartographie des habitats naturels, analyse de leur évolution possible et mise en place d’un indicateur de qualité écologique; (5) Une évaluation économique des différents scénarios de gestion du trait de côte; (6) Une analyse de la perception sociale des usagers et riverains; (7) Le développement d’outils d’aide à la décision (analyse multi-critères) et concertation autour des scénarios d’évolution possibles; (8) Des actions pédagogiques auprès de scolaires, des élus et des usagers du site ainsi que des gardes du littoral; (9) Des échanges d’expériences avec d’autres sites et capitalisation sur la démarche menée (récit de site).

Actions

Afin de faire du changement climatique une opportunité de développement de leur territoire, il s’agit de clarifier et coordonner les actions de chacun des acteurs institutionnels locaux en fonction de ses compétences : GEMAPI (Gestion des milieux Aquatiques et de Protections des Inondations) ; police du maire pour la mise en sécurité des usagers, PLU, valorisation écologique patrimoniale et touristique ; zone d’acquisition et gestion des terrains du Conservatoire du Littoral ; information et sensibilisation de la population. 

Pour cela, le projet Adapto entreprend des actions relatives à la planification documentaire

  • Présentation des modélisations de submersion marine aux acteurs institutionnels concernés
  • Prise en compte dans les documents d’urbanisme et dans les outils de planification de gestion de crise
  • PLU de la Commune de Lancieux prenant en compte l’aléa submersion marine :
  • Règlement écrit associé approuvé le 23 décembre 2019
  • Carte des zones exposées au risque de submersion marine (DDTM22) depuis 2013

La digue des marais neufs, édifiée au début du XIXème siècle pour constituer le polder de Beaussais, subit depuis plusieurs décennies des dégâts importants. Les dernières réparations datent de 2014. Le projet s’attache pour l’essentiel à acquérir, derrière les digues de premier rang, les terrains agricoles et certaines habitations les plus exposés en zone d’intervention du Conservatoire du Littoral, afin d’accompagner le recul progressif du trait de côte. A ce jour, 45 ha du site sont laissés en libre évolution complète et font l’objet de suivis scientifiques concernant l’évolution de la faune et de la flore.

Les modélisations réalisées par le BRGM dans le cadre d’Adapto permettent d’identifier les zones submersibles en fonction des conditions météorologiques et l’évolution des digues et de l’élévation du niveau de la mer. Ces modélisations ont servi de base à l’établissement d’un calendrier de surveillance, organisant la mise en sécurité des biens et personnes à partir de certains coefficients de marée (évacuation d’une maison, repli du bétail, fermeture de la route communale, édification d’un merlon de terre provisoire autour d’un poste de relevage des eaux usées). 

A partir de ces données les acteurs locaux peuvent également définir la nécessité ou non de créer des digues en second rang pour protéger les enjeux stratégiques face à la rupture des ouvrages actuels.

Dans le cadre du projet Adapto, le Conservatoire du Littoral déploie une série d’actions pédagogiques :

  • Développement et déploiement d’un programme pédagogique à destination de classes de primaires et collèges 
  • Création d’une exposition (format kakémonos) sur l’évolution passée et le devenir du marais
  • Sensibilisation et développement d’outils à destination des gardes de la région

Le projet s’attache également à organiser des événements de restitution et de communication des résultats du projet à destination des praticiens, élus et grand public au niveau local et régional. De même, des ateliers de concertation avec la population sont régulièrement organisés.

Le site participe à des actions nationales de capitalisation et de mise en perspective par rapport aux autres sites Adapto. 

Sur le site, le Conservatoire mène des actions de recherche telle qu’une analyse historique et prospective de l’évolution des paysages ; l’actualisation de l’analyse de la perception sociale des usagers ; ainsi que l’actualisation d’outils d’aide à la décision (analyses économiques et multi-critères) autour de scénarios d’évolution possibles à long terme.

Par ailleurs, un travail de recherche, mené en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle dans le cadre d’Adapto, vise à élaborer un indicateur de qualité écologique adapté aux milieux naturels littoraux. Cet indicateur doit notamment permettre de qualifier l’impact des projets de reconnexion sur la qualité écologique des milieux naturels littoraux, et de suivre leur état dans le temps. C’est un enjeu essentiel pour le Conservatoire du littoral et ses gestionnaires, qui ont un objectif d’amélioration de la qualité écologique. Il s’agit aussi d’apporter des éléments de réponse aux inquiétudes exprimées par différents acteurs du monde de l’environnement, sur les impacts négatifs potentiels de la reconnexion marine sur certaines espèces animales et végétales inféodées aux milieux doux.

En complément ce site fait l’objet d’un programme de recherche par l’Université de Bretagne Occidentale « DPM – PEPPS2 – Dépoldérisation Programmée de petits Marais Littoraux » pour caractériser de façon transversale les processus de transformation à court terme induits par la reconnexion de petits marais poldérisés sur la base des observations et analyses concernant différents compartiments écologiques (faune, flore, sol…) et en intégrant une approche fonctionnelle du système.

Bilan

Les initiatives de dépoldérisation étant encore relativement peu nombreuses en France, les 10 sites du programme Adapto offrent un fort potentiel en matière de retours d’expériences.

Le site est en propriété du Conservatoire du Littoral sur la totalité de la surface en cours de reconnexion (hormis une maison et une route communale) du polder de Beaussais.

Un accompagnement sur le temps long par le Conservatoire du Littoral qui a visé tout d’abord à mettre en place une agriculture plus résiliente (culture vers praires permanentes en pâturage extensif), ainsi que des actions de renaturation, de réduction des enjeux économiques et humains pour ensuite permettre la libre évolution du site vers un marais maritime et enfin le développement du potentiel écotouristique et culturel autour de ces nouveaux paysages.

Importance de vulgariser et restituer largement les résultats des suivis menés sur le site auprès des acteurs locaux, pour renforcer l’acceptation sociale des choix de gestion.

Partenaires

Partenaires techniques : Usagers des sites et riverains, Conservatoire du Littoral, Communauté de Communes de la Côte d’Emeraude, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Muséum National d’Histoire Naturelle, CPIE Morlaix, services de l’état, Conseil Départemental des Côtes d’Armor, communes et intercommunalité, acteurs économiques

Partenaires financiers: Union Européenne, Office Français pour la Biodiversité, Fondation de France, Fondation Total

Ressources