Lutter contre les vulnérabilités et les risques liés au changement climatique dans les zones côtières vulnérables de la Tunisie

Ghar El Melh, Kalaât El Andalous, Île de Djerba – Tunisie

Dates : 2014-2021

Porteur du projet: Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Tunisie; Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL)

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

Le changement climatique tend à exacerber les phénomènes d’érosion des plages, de salinisation des terres agricoles et d’inondation des zones humides basses littorales. Toutefois, le cadre institutionnel de la gestion du littoral en Tunisie ne prend pas en compte les projections des scénarios du changement climatique, alors que les coûts-avantages de l’adaptation des zones côtières tunisiennes sont mal évalués et peu pris en compte dans la plupart des politiques d’investissement actuelle. 

Le projet déployé par le PNUD Tunisie et l’APAL a pour objectif de promouvoir les stratégies d’adaptation innovantes, les technologies et les options de financement pour répondre aux risques supplémentaires posés par les changements climatiques sur les populations et les principaux secteurs socio-économiques dans les zones côtières les plus vulnérables de la Tunisie. Le projet est donc conçu pour : 

  • La mise à jour des cadres réglementaires et législatifs pour réduire les impacts du changement climatique sur le développement côtier et rendre l’infrastructure existante plus résiliente ; 
  • L’application de mesures souples et innovantes de réduction des risques et à la gestion de l’eau en adéquation avec la Gestion Intégrée des Zones Côtières ; 
  • La mise à disposition d’une meilleure information sur le climat pour la surveillance des risques côtiers, le système d’alerte précoce et la planification d’un développement résilient au climat ; 
  • La mobilisation de fonds publics et privés pour financer des projets d’adaptation côtiers au niveau national et local ; 
  • L’introduction des méthodes de transfert de risque auprès des secteurs public et privé.

Actions

L’action du PNUD et de l’APAL en Tunisie prévoit la mise à jour des cadres réglementaires et législatifs pour réduire les impacts des changements climatiques sur le développement côtier et rendre l’infrastructure existante plus résiliente.

Ainsi, le projet vise à ce que les documents de planification régionaux (lSchéma Directeur D’Aménagement de la Zone Sensible de l’île de Djerba (SDAZS), deux Plans d’Aménagements Côtiers (PACs) pour les sites de Ghar El Melh et l’île de Djerba)  prennent en compte les risques climatiques et les coûts de l’adaptation soient élaborés.

Ce projet intègre également le renforcement des règlements et mécanismes d’application régissant l’utilisation des zones côtières afin d’intégrer les risques climatiques. Il prévoit que: 

  • Un appui pour une proposition juridique structurée et justifiée soit apporté pour intégrer le risque climatique dans les textes réglementaires liés à la planification tels que le Code de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme ;
  • Une proposition de révision du cadre réglementaire et institutionnel régissant la gestion du Domaine Public Maritime pour réduire l’impact des risques climatiques sur le développement côtier soit élaborée ;
  • Un plaidoyer et un appui pour faciliter la ratification du protocole de gestion intégrée des zones côtières soient assurés ;
  • Une Stratégie Nationale de Gestion Intégrée des Zones Côtières (SNGIZC) soit développée.

En parallèle, le PNUD et l’APAL valorisent l’application de mesures souples et innovantes de réduction des risques liés aux CC et à la gestion de l’eau en adéquation avec la Gestion Intégrée des Zones Côtières. 

Cet objectif est notamment soutenu par l’installation d’un linéaire de 4000 mètres de ganivelles et de palmivelles au pied de la flèche de Ras R’Mel à Djerba. Cette mesure innovante permettrait de réduire les risques climatiques dans les zones côtières par la fixation et la stabilisation des dunes des plages.

Le projet intègre un accompagnement du processus pour l’inscription des cultures Ramli en tant que Système Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM) qui a permis la mise en exergue d’une solution fondée sur la nature.

Une évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques au niveau des zones côtières, pour la situation climatique actuelle mais aussi pour des projections aux horizons 2050 et 2100 est réalisée et deux plans d’intervention d’urgence (PIU) qui servent comme un outil d’aide à la prise de décision pour les acteurs institutionnels au niveau des sites du projet afin d’assurer la gestion opérationnelle d’événements catastrophiques sont élaborés.

L’action du PNUD et de l’APAL porte comme objectifs la mise à disposition d’une meilleure information sur le climat pour la surveillance des risques côtiers, le système d’alerte précoce et la planification d’un développement résilient au climat. A cet effet, l’observatoire du littoral au niveau de l’APAL a été renforcé avec de moyens matériels et des logiciels permettant d’opérationnaliser le réseau de suivi et de surveillance des changements climatiques et d’alimenter les modèles de risque de submersion, d’érosion et d’inondations liés aux impacts des changements climatiques avec des données fiables.

Parallèlement, le PNUD et l’APAL contribuent à la mobilisation de fonds publics et privés pour financer des projets d’adaptation côtiers au niveau national et local; ainsi que l’introduction des méthodes de transfert de risque auprès des secteurs public et privé.

Enfin, les agences intègrent des activités de renforcement des capacités des partenaires locaux, des instances professionnelles et de la société civile au niveau des sites du projet en matière de la GIZC, planification pour le développement, l’évaluation des besoins post-catastrophes etc. Parallèlement, les décideurs clés et les agents techniques ont été formés sur les outils d’adaptation au niveau du littoral.

Bilan

Un plan de gestion spatiale basé sur le risque climatique est élaboré : « Schéma d’Aménagement de la Zone Sensible de l’île de Djerba ».

La stratégie de GIZC a été élaborée et les risques des changements climatiques ont été intégrés dans les plans d’aménagements côtiers de Djerba et de Ghar El Melh. Un plaidoyer fort a été mené auprès du gouvernement tunisien afin qu’il ratifie formellement le protocole GIZC qui a été approuvé par un conseil ministériel et soumis au parlement pour approbation.

Une proposition structurée est formulée juridiquement de la législation sur le Domaine Public Maritime (DPM): Des critères scientifiques sont proposés pour que les questions liées au changement climatique soient renforcées dans le processus de délimitation.

Les capacités d’adaptation au changement climatique sont renforcées au niveau local grâce à un système de petites subventions au profit de 5 ONG sélectionnées au niveau des sites du projet. 

Les trois marégraphes et la bouée acquis par le projet fournissent un flux continu de données actualisées. Les données sont désormais traitées, partagées et utilisées de manière à permettre une meilleure évaluation de la vulnérabilité et une meilleure planification de l’adaptation. Le projet a confirmé par l’étude de faisabilité que les techniques douces telles que les Ganivelles, les Palmivelles, le rechargement.. sont efficaces contre l’érosion due à l’élévation du niveau de la mer et autres risques climatiques.

La garantie de la durabilité a été au cœur de la mise en œuvre de toutes les activités afin que les partenaires nationaux, régionaux et locaux s’approprient le projet pendant les processus de mise en œuvre et après l’achèvement du projet. Le projet a assuré l’implication de toutes les parties prenantes au niveau national, régional et local. 

En ce qui concerne le renforcement des capacités institutionnelles, le projet a mené des activités avec les communautés locales et les principaux décideurs au niveau des trois gouvernorats et des cinq municipalités dans les sites du projet afin de sensibiliser aux besoins en matière de changement climatique. Ainsi, les autorités locales, les communautés, les parties prenantes et les ONG sont de plus en plus conscientes de la nécessité urgente de mettre en œuvre des activités d’adaptation dans les zones côtières vulnérables. Ces formations et le renforcement des capacités ont conduit l’administration et les acteurs concernés à considérer que l’adaptation et le problème de l’érosion côtière ne peuvent être abordés de manière intégrée qu’à l’échelle de l’ensemble du littoral. 

La signature des conventions a facilité la réalisation de certaines études. Ce type de partenariat permettra de mutualiser les efforts et favorisera par la suite l’échange des données.

Le projet a enregistré des progrès significatifs pour atteindre les résultats malgré les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre, notamment en raison de l’instabilité politique et institutionnelle en Tunisie. Toutefois, certaines perturbations des activités ont été constatées lors de la crise sanitaire liée au COVID 19. Par conséquent, un report des activités sur le terrain et des ateliers de consultation, de présentation des résultats des études et de validation des livrables était inévitable.

Le partage des données d’évaluation des risques est entravé par le manque de coordination et de volonté des organismes producteurs de données à partager leurs informations.

Partenaires

Partenaires techniques : Services de l’Etat, Autorités régionales ou locales, Universités et institutions scientifiques, Représentants de la société civile, Acteurs économiques

Partenaires financiers: Fond Spécial pour les Changements Climatiques du Fonds pour l’Environnement Mondial (FSCC /fem), PNUD, Gouvernement Finlandais, Gouvernement Tunisien 

Ressources