SARCC : Villes côtières durables et résilientes
(7 sites pilotes de la Manche à la Mer du Nord)

Newlyn et Southend-on-Sea (Royaume-Uni), Middelkerke, Oostende et Blankenberge (Belgique), Gravelines (France), Vlissingen (Pays-Bas) – Europe

Durée : 2019-2023

Coordinateur du projet : Southend-on-Sea

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

L’élévation moyenne du niveau de la mer pourrait augmenter de 1,5 à 2,5 m d’ici 2100, faisant craindre en Europe une augmentation des dommages liés aux inondations côtières de 1,25 milliard d’euros par an actuellement à 961 milliards d’euros dans 80 ans (Commission européenne, 2018). Les zones urbaines du nord de l’Europe sont particulièrement vulnérables aux élévations extrêmes du niveau marin (combinaison de l’élévation du niveau de la mer, des marées et des ondes de tempête). Les plans et politiques de lutte contre les submersions marines ont jusqu’ici privilégié le déploiement d’ouvrages d’ingénierie lourde, aux dépens de solutions fondées sur la nature (SfN), malgré leur potentiel de réduction des risques d’inondation et leurs nombreux co-bénéfices. Le projet Sustainable and Resilient Coastal Cities (SARCC) implique sept villes côtières de quatre pays bordant la mer du Nord et la Manche. En testant plusieurs SfN sur divers sites pilotes, il vise à promouvoir l’intégration des SfN dans la gestion côtière et l’élaboration des politiques, que ce soit de façon autonome ou bien hybride, en les intégrant à d’autres ouvrages. Le projet a pour ambition de renforcer la capacité des gestionnaires et décideurs urbains à déployer les SfN et à comprendre les co-bénéfices qu’elles apportent par rapport aux infrastructures grises traditionnelles.

Actions

Pour plus de détails sur chacun des sites pilotes, consultez le Manuel des SfN (anglais) 

  • Blankenberge, Belgique : Grâce au démantèlement d’une partie de la route, le système dunaire pourra s’étendre vers l’intérieur des terres (au lieu d’être perdu en mer). Cette partie de la route s’étend sur une largeur totale de 11 mètres et comprend un trottoir, une piste cyclable, une voie de stationnement, la route proprement dite et une autre voie de stationnement. Suite à cette opération, une nouvelle bande cyclable de 4 mètres de large sera construite. Le reste de la zone sera « rendu à la nature », de sorte que les dunes déjà existantes pourront s’étendre.
  • Newlyn, Royaume-Uni (Environment Agency): Le projet pilote consiste à déployer des éco-blocs à faible émissions de carbone sur et autour d’un brise-lames déjà construit. Les éco-blocs auront une texture de surface inspirée de l’habitat rocheux naturel du littoral pour favoriser la colonisation d’algues et d’autres formes de vie marine, permettant ainsi d’encourager la biodiversité marine locale. En déployant et évaluant différents types d’éco-blocs, le site cherche à identifier quelles propriétés (matériau, caractéristiques de l’habitat, position du bloc) offrent les meilleures chances de colonisation et de protection. Les résultats orienteront la conception des futures défenses côtières.
  • Gravelines, France (Commune de Gravelines) : Le projet pilote vise à renforcer la dune existante, qu’elle soit suffisamment haute pour constituer un mur naturel face à la combinaison des vagues et des marées. Observant l’accrétion des sédiments le long de la côte, la municipalité a mis au point des clôtures en bois pour piéger le sable. Tandis que les sédiments s’accumulent autour de ces clôtures, une petite végétation pousse également, renforçant l’étendue et la stabilité de la dune.
  • Middelkerke, Belgique (Municipalité de Middelkerke) : L’objectif du projet pilote est de substituer les mesures temporaires existantes (réensablement des plages) par des investissements permanents. Dans les zones touristiques, une structure solide (amortissement des vagues) combinée à des solutions douces sont prévues. Cette “digue douce” sous forme d’un remblais de végétation permet de prolonger la pente de la plage et de recouvrir de végétation (ammophile et autres espèces sélectionnées) la zone la plus proche du niveau de la digue. Ce système est capable d’évoluer en fonction des besoins futurs de protection (élévation du niveau de la mer), améliore l’expérience des touristes, et apporte de nombreux bénéfices écologiques. 
  • Ostend, Belgique (Ville de Ostend) : Sur ce projet pilote, le transport excessif de sable causé par des vents violents entrave plusieurs fois par an l’exploitation des infrastructures adjacentes (sentiers pédestres et pistes cyclables, tramway, route côtière). Le projet vise à créer un paysage naturel de “dunes devant la digue”. Des carrés de végétations retiendront le sable sur la plage au lieu de le diriger vers le tramway et la route. La dynamique naturelle des vagues et du vent permettra à un paysage de dunes d’avoir suffisamment d’espace pour se développer.
  • Southend-on-Sea, Royaume-Uni : Au lieu de déployer une seule et unique SfN, la ville a décidé d’expérimenter plusieurs mesures à différents endroits. Au total, pas moins de quatre projets pilotes ont été réalisés pour répondre à la diversité des types de rivages. Ces solutions consistent aussi bien à arrêter le nettoyage mécanique de la plage pour permettre à la végétation de pousser et de retenir le sable, que de restaurer et replanter la dune ainsi que d’installer des petites piscines naturelles imitant des habitats côtiers.
  • Vlissingen, Pays-Bas (Municipalité de Vlissingen): L’objectif de ce projet est de se concentrer sur des mesures durables naturelles et écologiques qui, à long terme, protégeront la zone urbaine contre les inondations en cas de tempête. Une rue a ainsi été adaptée pour qu’elle puisse devenir une rivière lors de submersions de la digue, tandis que de la végétation a été plantée pour filtrer et retenir l’eau. En outre, des recherches sont menées sur la mise en œuvre de SfN sur l’estran et dans les principales défenses maritimes.

Le projet vise à améliorer les capacités des responsables et gestionnaires urbains à déployer des SfN, à comprendre leurs potentiels co-bénéfices par rapport aux infrastructures grises traditionnelles. Le projet permet aux parties prenantes d’intégrer de nouvelles techniques, méthodologies et pratiques dans la gestion côtière et les politiques de planification, de démontrer la valeur des SfN et de partager ces connaissances pour d’autres paysages urbains côtiers de la région. L’échange d’expériences et la diffusion des connaissances auprès d’un public varié (universitaires, décideurs politiques, citoyens) sont indispensables pour la mise à l’échelle des projets pilotes. 

Dans cette optique, le site internet du SARCC met à disposition de nombreux outils et ressources (boîte à outils de visualisation, livret d’orientation sur les NbS, séminaires en ligne), tandis que des séminaires régionaux sont régulièrement organisés : 

  • Boîte à outils de visualisation : elle rassemble des exemples de bonnes pratiques de SfN, des analyses de tendances historiques et de scénarios climatiques, ainsi que des stratégies de développement adaptatif. Ces exemples sont présentés sous différents formats (vidéos, œuvres d’art paysagères, animations) et par l’intermédiaire d’une visionneuse géospatiale en ligne qui renvoie aux recherches et aux résultats des projets pilotes du SARCC.
  • Manuel des SfN : à destination des gestionnaires urbains, il fournit un résumé des activités entreprises, de l’état de l’art scientifique, des tendances historiques, présente les solutions techniques etc.
  • Un cadre de mise en œuvre et un outil de suivi (à venir en 2023) seront produits pour aider à sélectionner les SfN les plus adaptées aux différents types de paysages urbains côtiers.
  • Séminaires régionaux : quatre séminaires régionaux ont eu lieu en 2022 aux Pays-Bas, en Belgique, en France et au Royaume-Uni. Ils ont permis de souligner les bénéfices liés au déploiement de SfN aux côtés des systèmes de protection contre les inondations côtières.

Bilan

Pour plus de détails sur chacun des sites pilotes, consultez le Manuel des SfN (anglais)

  • Blankenberge, Belgique : Les résultats ne sont pas encore connus, mais une amélioration de la biodiversité est déjà observée. Le projet pilote servira de test pour d’autres villes et, s’il est couronné de succès, il pourrait donner une impulsion à l’ensemble de la côte flamande.
  • Gravelines, France : Outre une meilleure protection contre les inondations, la dune a amélioré la valeur esthétique et écologique du site, avec une plus grande couverture de la végétation. Elle s’est avérée être une solution rentable, largement appréciée par les touristes et les résidents. 
  • Middelkerke, Belgique : Le système « dune avant la digue » a permis de reconnecter la nature avec la mer, tout en étant moins coûteux et plus souple à gérer que les digues en dur. Middelkerke est ainsi protégé contre les tempêtes millénaires jusqu’en 2050. En contribuant à l’agrandissement de l’espace public, cette digue végétale a permis d’améliorer l’expérience du littoral. Néanmoins, le système nécessite des dépenses régulières pour l’entretien, la surveillance et les réparations éventuelles. 
  • Newlyn, Royaume-Uni : Les éco-blocs font l’objet d’une surveillance continue et les connaissances acquises seront partagées avec diverses organisations responsables de la gestion de l’environnement et du littoral. L’objectif est de prouver par l’exemple l’intérêt de déployer des éco-blocs ailleurs sur la côte britannique, en tant qu’alternative bas carbone, respectueuse de la nature contrairement aux systèmes de défense techniques traditionnels. 
  • Ostend, Belgique : Les travaux ont commencé au printemps 2021 et dès la première saison d’hiver, il est clairement apparu que la dune avait grandi plus vite que prévu. Les voies de tramway et la chaussée sont restées exemptes d’accumulation de sable. Si l’on compare la construction d’un piège à sable en béton à celle d’une dune naturelle, cette dernière est clairement plus intéressante en termes de coût, de valeur écologique et esthétique. D’autres endroits seront concernés par ce type d’approche, mais la dune avant la digue n’est pas un principe applicable partout : une dune ne peut se développer et croître que si la zone est temporairement interdite d’accès, ce qui est peu compatible avec les espaces les plus touristiques.
  • Southend-on-Sea, Royaume-Uni : La ville ne visait pas de changements radicaux, mais voulait tester et apprendre, à différents endroits en même temps, en travaillant avec ce qui existe déjà : le sable, les galets, la flore et la faune. Le site étudie si cette méthode est moins coûteuse et plus durable à long terme que la construction d’une infrastructure en dur à grande échelle. Dans l’ensemble, ces petites expériences s’additionnent et le niveau de protection de la ville s’est amélioré grâce à l’utilisation de solutions fondées sur la nature.
  • Vlissingen, Pays-Bas : Les SfN offrent la possibilité de répondre à d’autres enjeux liés au changement climatique, tels que les fortes précipitations. Grâce au réaménagement de l’espace public, la quantité d’eau dans les égouts diminue aux heures de pointe, puisqu’une partie est retenue dans les espaces verts et pénètre dans le réseau d’eau urbain après un certain délai. L’engagement actif du public et la création de forums de citoyens ont permis de modifier les perceptions et de s’éloigner du paradigme de la défense en dur. Certains participants sont même devenus de véritables « ambassadeurs » des SfN. Ce projet a également été une source d’inspiration pour d’autres localités de la côte de Flessingue et néerlandaise.
  • Choisir les SfN lorsque c’est possible, l’infrastructure grise lorsque c’est nécessaire
  • Incorporer l’approche des « services écosystémiques » (SSE) dans la conception des mesures de protection côtière.
  • La conception et la mise en œuvre des NbS nécessitent des structures de co-création et de gouvernance intégrée
  • La collaboration entre le(s) gouvernement(s), l’industrie, les universités et le public est un moteur d’innovation.
  • Trouver ou être un agent du changement
  • Regarder au-delà des frontières et apprendre des autres pays et régions
  • Se souvenir du long terme pour se remémorer les caractéristiques historiques du changement
  • La fin est le début : le suivi et l’évaluation continus du projet et du processus sont nécessaires pour développer les projets pilotes.
  • Mettre en place une plateforme ou un outil accessible pour le partage des connaissances et le renforcement des capacités.
  • Rechercher le cofinancement et créer de nouveaux modèles d’entreprise sociale

La théorie du paradoxe du projet pilote stipule que « les projets pilotes n’échouent jamais, mais ne passent jamais à l’échelle ». Les projets pilotes offrent un environnement sûr pour tester de nouvelles idées et des solutions innovantes. Toutefois, il existe un risque que les résultats ne soient pas ensuite mis en œuvre dans les politiques ou qu’ils ne trouvent pas leur place dans d’autres projets similaires. Ceci souligne l’importance de partager les expériences et de tester différents types et combinaisons de solutions.

Ressources

Partenaires techniques

Maritime Archaeology Trust (MAT-UK); Environment Agency; Stad Blankenberge; Stad Oostende; Ville de Middelkerke; Ville de Vlissingen; Ville de Gravelines; Ville de Newlyn; Southend-on-Sea; Flemish Government; Vives, TU Delft, Hogeschool Zeeland