Du 2 au 13 juin, l’attention s’est portée sur Nice, en France, où se sont tenues la 3e Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC3) et trois événements spéciaux associés. Les attentes étaient élevées : le Costa Rica et la France, co-organisateurs de la Conférence, plaidaient depuis 2022 pour qu’elle constitue un tournant en matière de protection de l’océan et de sa gouvernance. La participation a été significative : 175 États membres de l’ONU, 64 chefs d’État et de gouvernement, 28 chefs d’organisations onusiennes, intergouvernementales et internationales, et plus de dix mille délégués se sont réunis à Nice. De la Zone Bleue à la Baleine, la ville vibrait grâce à l’énergie de la communauté océan, plaidant pour des actions transformatrices et concrètes pour enfin inverser la tendance et faire face aux menaces majeures qui pèsent sur l’océan, ses écosystèmes et les communautés qui en dépendent. À la fin de la Conférence, le Plan d’action pour l’océan de Nice a été adopté, constitué d’une Déclaration politique et de nombreux engagements volontaires. Cependant, il reste à voir si l’élan créé à Nice portera ses fruits. Seul le temps — ou plutôt, la volonté politique et des actions concrètes des États et de toutes les parties prenantes — dira si ces engagements seront traduits en résultats mesurables ou s’ils ne resteront que de simples déclarations.
La société civile donne le cap à l’UNOC3
Les organisations de la société civile se sont fortement mobilisées, tant en amont que pendant la conférence. Des événements tels que le One Ocean Science Congress (3–6 juin), le Sommet Ocean Rise & Coastal Resilience (7 juin), le Blue Economy & Finance Forum (7–8 juin) et la Journée mondiale de l’océan (8 juin) ont tous contribué à construire cet élan. Chacun de ces événements a servi de plateforme pour rassembler et amplifier les voix d’une communauté océan très diverse : des scientifiques aux représentants de communautés locales, en passant par les acteurs financiers, du secteur privé, les philanthropies et les organisations de la société civile. Plus d’un millier d’événements ont eu lieu entre la Zone Bleue et la Baleine, qui ont accueilli plus de 130 000 visiteurs – une mobilisation sans précédent, autant d’experts de l’océan que du grand public, pour une Conférence des Nations Unies sur l’océan. De plus, des dizaines d’engagements ont été pris, signes clairs de la détermination de la société civile à placer l’action pour l’océan au centre de l’agenda mondial.
Un moment clé a été la Journée mondiale de l’océan, marquée par l’événement « The Future Is Now: Let’s Dive into an Ocean of Possibilities ». À cette occasion, les participants ont rappelé les progrès réalisés par les initiatives « Un océan de possibilités » et « Let’s Be Nice to the Ocean », lancées dans le cadre du mandat confié à Loreley Picourt (Plateforme Océan & Climat) et Rémi Parmentier (The Varda Group) pour l’UNOC3. Cet événement a notamment marqué le lancement de « L’océan, notre avenir » : l’appel de plus de 100 leaders de la communauté océan pour une action transformatrice visant à garantir un avenir juste, sain et résilient pour l’océan et toute vie qui en dépende, ouvert pour signature ici. La journée a également offert un espace dédié pour honorer l’action des femmes pour l’océan, ainsi que les peuples de la mer, à travers des événements dédiés.
Des avancées en faveur d’une gouvernance renforcée de l’océan
Grâce aux efforts diplomatiques considérables déployés par les co-organisateurs de la conférence, ainsi qu’à la mobilisation d’organisations de la société civile telles que la High Seas Alliance et l’UICN, ainsi que de dirigeants communautaires et de scientifiques, l’une des réussites les plus notables de la troisième Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (UNOC3) est le progrès réalisé en ce qui concerne le traité sur la haute mer. Ce traité porte sur la protection des eaux internationales, soit près des deux tiers des océans et près de la moitié de la surface de la planète. Avant la conférence, 31 pays avaient ratifié le traité ; ils sont désormais 50, soit 10 de moins que les 60 requis pour son entrée en vigueur. Il s’agit d’une étape importante dans l’avancement de la gouvernance mondiale des océans, qui démontre la force de la diplomatie des océans à s’unir ; un traité dont la négociation a duré près de vingt ans peut entrer en vigueur un peu plus de deux ans après son adoption. En effet, les dernières ratifications sont attendues pour la fin du mois de septembre 2025. Cela ouvre la voie à la réunion de la commission préparatoire qui se tiendra en août pour planifier la mise en œuvre du traité.
L’élan s’est également renforcé contre l’exploitation minière en eaux profondes (DSM). Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que « les grands fonds marins ne peuvent pas devenir le Far West », tandis que le président Macron a qualifié cette activité de « folie ». Ces propos auraient pu inciter à faire un grand pas en avant contre l’exploitation minière en eaux profondes, mais les progrès ont été plus mesurés. Le nombre de pays appelant à un moratoire ou à une pause de précaution sur ces activités est passé de 33 à 37 – une augmentation limitée, en comparaison aux 169 États membres de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA), responsable de la sauvegarde des grands fonds marins et de l’élaboration d’un code d’exploitation minière. Cependant, la résistance s’étend au-delà des acteurs étatiques : des acteurs financiers majeurs, tels que le Crédit Agricole, ont annoncé qu’ils ne financeraient pas de tels projets.
Ces développements démontrent que l’UNOC3 a réussi à mobiliser la communauté internationale pour faire avancer la gouvernance de l’océan, marquant un succès décisif et confirmant que l’ambition partagée peut conduire à des progrès tangibles.
Une convergence stratégique autour du nexus océan, climat et biodiversité
Alors que 2025 marque le 10e anniversaire de l’Accord de Paris (2015), l’UNOC3 a offert une occasion opportune de renforcer l’action au niveau du lien entre océan, climat et biodiversité. Dans son discours d’ouverture, le président Macron a donné le ton en réaffirmant le rôle central de l’océan dans le système climatique de la Terre, faisant un clin d’œil au président brésilien Lula, hôte de la prochaine conférence sur le climat (COP30). Le même jour, le Brésil et la France ont lancé le Blue NDC Challenge, rejoint par un groupe inaugural de pays comprenant l’Australie, les Fidji, le Kenya, le Mexique, les Palaos et la République des Seychelles, appelant tous les pays à placer l’océan au cœur de leurs stratégies climatiques nationales avant la COP30. Le lien entre la santé de l’océan et l’action climatique a également trouvé sa place dans la déclaration de l’UNOC3, adoptée par 192 pays, soulignant que la réalisation de l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris est essentielle pour sauvegarder les écosystèmes marins. Un message repris tout au long de la semaine par le Brésil et les petits États insulaires en développement (PEID), qui ont préconisé de tisser un fil bleu entre les mesures prises pour concrétiser l’Accord de Paris et le Cadre mondial pour la biodiversité.
Plus concrètement, le portefeuille de solutions que l’océan peut apporter pour lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité a été bien exploré tout au long de la conférence. L’accent a été mis sur la décarbonation du transport maritime, de nombreuses parties prenantes appelant l’Organisation maritime internationale (OMI) à accélérer la transition. L’importance du développement d’un tourisme bleu durable a également été soulignée en tant que pilier d’une économie bleue régénératrice pouvant apporter des avantages à la fois à la nature et à l’homme, illustré par le lancement du Ocean Tourism Pact, un engagement collectif visant à mettre en place un tourisme côtier et marin durable. Une grande attention a également été accordée à la transition durable du secteur alimentaire aquatique, plus de 100 pays ayant désormais ratifié l’accord de l’OMC sur les subventions à la pêche néfastes, pour mettre fin aux subventions nuisibles, contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. Il ne manque plus qu’une dizaine de signatures. Enfin, la conservation et la protection du milieu marin sont restées une priorité essentielle, jetant les bases d’un nouvel élan en faveur de l’un des objectifs mondiaux les plus ambitieux à ce jour en matière de protection des océans.
Un élan important pour protéger les écosystèmes marins et réaliser l'objectif de 30x30
Lors de l’UNOC3, l’élan en faveur de la protection des écosystèmes marins a continué à gagner du terrain, en particulier pour soutenir l’objectif mondial 30×30 visant à protéger 30 % de l’océan d’ici à 2030, et pour soutenir la réalisation de l’ODD 14.5. Les chiffres indiquent que le pourcentage de zones protégées dans le monde est passé de 8,4 % à 10 %, plusieurs pays ayant annoncé la création de nouvelles aires marines protégées (AMP), comme la Tanzanie, la Colombie et São Tomé-et-Príncipe. La Polynésie française a été la plus acclamée, avec l’annonce de la création du plus grand réseau d’AMP au monde, en s’engageant à protéger près de 5 millions de km² de sa zone économique exclusive, dont 1,1 million de km² sous protection totale ou élevée. La France s’est également engagée à étendre la protection forte de ses eaux métropolitaines de 0,1 % à 4 % d’ici 2026. La POC salue cet engagement comme un pas dans la bonne direction, mais souligne des lacunes en termes de clarté et d’efficacité. Les efforts métropolitains restent insuffisants en raison de la faiblesse des normes de protection et de l’exclusion de la colonne d’eau. Avec ses partenaires, la POC demande des mesures immédiates fondées sur la science, la création d’AMP strictement protégées dans les eaux métropolitaines et l’application systématique de restrictions lorsque les évaluations des risques dans les AMP Natura 2000 révèlent des menaces pour les objectifs de conservation.
Une position forte pour une science libre et ouverte, basée sur des partenariats
Au cours des derniers mois, la communauté scientifique a fait l’objet d’attaques croissantes, en particulier aux États-Unis, ce qui a conduit à l’émergence de campagnes telles que « Stand Up for Science ». Dans ce contexte, le One Ocean Science Congress (OOSC) a joué un rôle crucial en plaçant la science en tête de l’agenda. L’un des messages récurrents était qu’une action significative en faveur de l’océan devait s’appuyer non seulement sur la science, mais aussi sur les connaissances des peuples autochtones et des communautés locales. Outre la publication de 10 recommandations clés par l’OOSC, l’UNOC3 a vu le lancement de plusieurs initiatives visant à améliorer l’accès des décideurs politiques à la science, aux données et aux divers systèmes de connaissances en faveur d’une action éclairée pour la sauvegarde des océans. Parmi elles, la International Platform for Ocean Sustainability (IPOS), qui fournira aux gouvernements des options politiques adaptées, fondées sur la science et pouvant être mises en œuvre au niveau local, afin de les aider à respecter leurs engagements internationaux à l’égard des océans. En outre, 12 pays ont réaffirmé leur soutien à la transformation de Mercator Ocean International en une organisation intergouvernementale : le Mercator International Centre for the Ocean. Il « fournira des systèmes numériques océaniques de classe mondiale – y compris le jumeau numérique européen de l’océan – afin de fournir des informations fiables et en temps réel soutenant la résilience climatique, la sécurité maritime, la protection de l’environnement et une économie bleue durable ». Ces efforts ont toutefois été accompagnés d’un rappel fort : un financement soutenu et une coopération internationale seront essentiels pour réaliser ces ambitions pour les sciences océaniques.
L'ODD 14 cessera-t-il d'être le moins financé de tous les ODD après l'UNOC3 ?
L’UNOC3 pourrait marquer un tournant dans la résolution de l’un des problèmes les plus persistants des océans : le sous-financement de l’ODD 14, qui reçoit moins de 1 % du financement total des ODD. Alors que les dirigeants mondiaux, les institutions financières et les acteurs privés se réunissaient à Monaco et à Nice, des signes sont apparus indiquant que cette situation pourrait commencer à changer. Plusieurs annonces ont témoigné d’une volonté politique et d’une mobilisation financière croissantes en faveur des océans. Lors du Forum sur l’économie et la finance bleues (BEFF), de nouveaux engagements totalisant 8,7 milliards d’euros d’ici à 2030 ont été dévoilés, dont 4,7 milliards d’euros provenant de philanthropes et d’investisseurs privés, et 4 milliards d’euros mobilisés par des institutions financières publiques – signe d’une dynamique croissante parmi les acteurs financiers publics et privés en vue d’accroître les investissements dans les économies océaniques durables. Dans le même temps, la coalition « Finance in Common Ocean » a continué à se développer, stimulant la collaboration entre les banques publiques de développement afin d’augmenter et d’aligner les investissements liés aux océans. Par ailleurs, un appel à l’action des entreprises a été signé par 80 sociétés de 25 pays, représentant un chiffre d’affaires total de 600 milliards d’euros. À l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, Bloomberg Philanthropies a engagé 6,8 millions de dollars pour soutenir la conservation des écosystèmes océaniques et côtiers du Brésil. La Banque de développement d’Amérique latine et des Caraïbes (CAF) s’est engagée à investir 2,5 milliards de dollars d’ici à 2030 pour favoriser une économie bleue résiliente et inclusive dans toute la région. Dans une intervention conjointe percutante, les ministres des pays du Sud ont appelé à une action urgente pour combler le déficit de financement des océans, qui s’élève à 14,6 milliards de dollars, en soulignant la nécessité d’un accès plus équitable au financement et au renforcement des capacités. Ces efforts reflètent une prise de conscience croissante du fait que la réalisation de l’ODD 14 nécessitera non seulement de l’ambition et de la coordination, mais aussi un financement soutenu et à plus grande échelle.
Les gouvernements locaux ouvrent la voie sur l'élévation du niveau de la mer avec une nouvelle Coalition
L’élévation du niveau de la mer a été un sujet central tout au long de la Conférence et dans la Déclaration « Notre Océan, Notre Avenir ». Bien que l’on puisse regretter l’absence de reconnaissance des gouvernements locaux dans la conduite des efforts d’adaptation dans la Déclaration, leur mobilisation sans précédent – notamment lors du Sommet Ocean Rise & Coastal Resilience organisé le 7 juin – les a positionnés au centre de la conversation mondiale. Avec plus de 200 dirigeants locaux de villes et régions côtières réunis à Nice, le Sommet a été un symbole fort de « la mobilisation de tous les acteurs locaux dans le monde, non seulement ceux qui sont directement touchés, mais aussi ceux qui sont capables de montrer la voie en construisant des solutions », a rappelé le Président Emmanuel Macron lors de la cérémonie d’ouverture de l’UNOC3. Plus important encore, le sommet a marqué le lancement d’une coalition visant à accélérer l’adaptation à l’élévation du niveau de la mer et aux changements océaniques en encourageant la coopération entre les villes et régions côtières et toutes les parties prenantes des milieux scientifiques, financiers et de la société civile qui sont essentielles à cette transition.
Fruit de la collaboration entre la Plateforme Océan et Climat, la ville de Nice et les gouvernements de France et du Costa Rica, la Coalition sera hébergée par le Centre mondial pour la mobilité climatique sous l’égide de l’UNOPS. Le puissant appel lancé lors de la Journée mondiale de l’océan par Christian Estrosi, président de la Coalition, et LaToya Cantrell, maire de la Nouvelle-Orléans et vice-présidente de la Coalition, à « investir en nous, [les villes et régions côtières] en première ligne » a été fortement relayé par les principaux partenaires de la Coalition, qui ont annoncé de nouvelles opportunités scientifiques et de financement :
- L’Agence spatiale française (CNES) a lancé l’Alliance Space4Ocean (S4O), invitant les dirigeants locaux de la Coalition à rejoindre un groupe de travail dédié pour exprimer leurs besoins opérationnels et créer des services sur mesure en matière de données et de technologies spatiales.
- L’Agence spatiale européenne a annoncé l’opportunité de financement « Résilience côtière au changement climatique », visant à soutenir le développement de services spatiaux innovants pour les villes côtières, les zones côtières rurales et les ports.
- Le gouvernement français a lancé un appel à projets d’un million d’euros pour soutenir les initiatives de coopération décentralisée entre les collectivités locales françaises et leurs homologues étrangères afin de favoriser les efforts d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer.
- La Commission européenne a présenté une nouvelle mission Horizon Europe de 45 millions d’euros, intitulée « Restore our Ocean and Waters Calls 2025 », qui vise à renforcer la résilience des villes côtières, des zones rurales et des îles vulnérables grâce à l’innovation et à la transformation durable.
- Le GCCM a annoncé la mise en place d’un nouveau mécanisme de financement au sein du Fonds d’adaptation au climat pour les collectivités (C-CAF) afin de fournir des subventions aux villes et régions côtières pour soutenir des projets locaux.
Tout au long de la conférence, plusieurs événements et annonces ont renforcé cette dynamique, notamment le lancement de la Décennie d’action pour les sciences de la cryosphère (2025-2034) et l’organisation du Forum mondial des îles. Avec un coup de projecteur sans précédent sur l’élévation du niveau de la mer et le leadership local, le moment est venu de « transformer l’engagement en action concrète » pour l’adaptation – un effort qui, comme l’a souligné Loreley Picourt, directrice exécutive de l’OCP, lors de la cérémonie de clôture de l’UNOC3, « ne doit servir aucun projet politique autre que le bien-être de tous, en particulier des plus vulnérables, et amener l’ensemble de la société à s’engager vers des avenirs souhaitables ».
Des engagements internationaux renouvelés pour mettre fin à la pollution
L’UNOC3 a fourni une occasion unique de faire progresser les efforts mondiaux pour atteindre l’ODD 14.1, en mettant l’accent sur la prévention et la réduction significative de la pollution marine de toutes sortes. Cette occasion était particulièrement opportune à l’approche de la 6e réunion du comité intergouvernemental de négociation (CIN-6) pour le traité mondial sur les plastiques, dont les négociations sont au point mort. Dans ce contexte, 96 pays ont lancé le « Appel de Nice pour un traité ambitieux sur les plastiques ». Les signataires réaffirment leur « ambition commune de mettre fin à la pollution plastique pour protéger la santé humaine et l’environnement de ses effets néfastes, sur la base d’une approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques ». Selon le PNUE, environ 11 millions de tonnes de plastique pénètrent dans les océans chaque année, ce qui souligne l’urgence de cette initiative et de la finalisation d’un traité ambitieux et efficace sur le plastique. Le même jour, la High Ambition Coalition for a Quiet Ocean, codirigée par le Canada et le Panama, a été lancée. Cette initiative appelle à une coopération internationale pour faire face à la menace croissante de la pollution sonore des océans, un problème négligé qui affecte les espèces marines. Ensemble, ces initiatives de l’UNOC3 montrent comment les pays se mobilisent dans tous les secteurs et toutes les sources de pollution pour préserver la santé des océans et leur biodiversité.
Des occasions manquées de s'attaquer aux racines des crises mondiales et de suivre les progrès accomplis
Si l’UNOC3 a suscité un élan important, elle a largement omis de s’attaquer à l’une des menaces les plus graves pour la santé des océans et du climat : les combustibles fossiles. Malgré les preuves scientifiques de plus en plus nombreuses des effets néfastes du pétrole et du gaz offshore sur les écosystèmes marins, les références explicites ont été absentes de la plupart des discussions, et totalement absentes de la déclaration de Nice. Cette omission a suscité de vives critiques, en particulier dans le contexte du 10e anniversaire de l’accord de Paris. Seuls les petits États insulaires en développement ont ouvertement appelé à une élimination progressive des combustibles fossiles pour protéger la santé des océans. Une autre occasion manquée a été l’absence de rapport sur les engagements pris lors de l’UNOC1 et de l’UNOC2. Alors que de nouvelles promesses ont été faites, peu d’attention a été accordée au suivi des progrès des actions et des investissements réalisés dans le cadre d’engagements antérieurs. En l’absence de mécanismes de suivi et de transparence, les promesses risquent de ne pas être tenues. S’attaquer aux causes profondes et garantir la responsabilité doivent maintenant être des priorités pour véritablement protéger l’océan.
Sur la route de Nice à Belém
L’UNOC3 a posé d’importants jalons en ralliant la volonté politique, en faisant progresser la gouvernance des océans et en mobilisant des financements, notamment en soulignant le rôle vital de l’océan dans les programmes relatifs au climat et à la biodiversité. Le leadership du Brésil, renforcé par des engagements tels que le soutien de Bloomberg Philanthropies et le Blue NDC Challenge, fait de la COP30 un moment crucial pour intégrer la santé des océans dans l’action climatique mondiale. Cependant, un optimisme prudent s’impose. L’UNOC3 a révélé des lacunes importantes, notamment l’absence de réduction des combustibles fossiles en tant que point de discussion central et la nécessité d’une responsabilisation solide sur les engagements passés. La COP30 doit combler ces lacunes en veillant à ce que les stratégies relatives aux océans et au climat soient ambitieuses, intégrées et étayées par des progrès mesurables. Le succès dépendra de la traduction des déclarations politiques en politiques concrètes, de l’augmentation du financement durable et de la promotion d’une coopération inclusive, notamment avec les petits États insulaires en développement et les communautés de première ligne. Si la COP30 s’appuie sur les fondations posées à Nice avec urgence et unité, elle pourrait marquer une étape décisive vers la garantie d’un océan juste, sain et résilient pour l’avenir. Le monde nous observera – et l’océan, une fois de plus, sera un test vital pour le leadership mondial en matière de climat.