LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES MARINS ET CÔTIERS

Notre environnement est constitué d’une multitude d’écosystèmes qui fournissent chaque jour de nombreux services. On appelle écosystème un complexe dynamique composé de multiples plantes, animaux, micro-organismes et leur environnement non vivant qui interagissent ensemble.

Les interactions au sein d’un écosystème fournissent des services très variés : les poissons constituent la première source de protéines pour un milliard de personnes à travers le monde, les forêts absorbent une grande quantité des rejets de gaz à effet de serre, etc. Le concept de SE consiste donc à identifier et quantifier toutes ces interactions bénéfiques aux populations humaines. Un exemple très connu est celui de la pollinisation par les abeilles : en butinant les fleurs, elles transportent les grains de pollen d’une plante à une autre et participent à la fécondation des végétaux.

Mais les SE ne sont pas limités au milieu terrestre. Au contraire, l’océan joue un rôle prépondérant dans la régulation du climat. Des études ont montré que les mers absorbent près du tiers du dioxyde de carbone émis chaque année. En outre, les écosystèmes marins et côtiers abritent de nombreuses espèces animales et végétales qui rendent à l’homme de nombreux services. Par exemple, les mangroves retiennent le sol friable des côtes et empêchent l’érosion du littoral. Rempart naturel face aux courants, elles constituent également un habitat privilégié pour la naissance de nombreuses espèces de poissons et permettent d’assurer le renouvellement des populations. Les baleines, quant à elles, rejettent dans leurs excréments une quantité élevée de fer, qui est un nutriment essentiel dans le processus de photosynthèse. Or le niveau de fer présent dans l’océan a un impact direct sur le développement du phytoplancton, base de la chaîne alimentaire qui engendre la captation de carbone…

L’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (MEA) a défini quatre types de services écosystémiques. Les écosystèmes marins et côtiers produisent donc des services multiples, tels que :

  • des services d’approvisionnement : pêcheries, matériaux de construction ;
  • des services de soutien : maintien du cycle de vie pour la faune et la flore, cycle des éléments et des nutriments ;
  • des services de régulation : séquestration et stockage du carbone, prévention de l’érosion, traitement des eaux usées, modération des phénomènes météorologiques extrêmes ;
  • des services culturels : tourisme, loisirs, bénéfices esthétiques et spirituels.

La valeur totale des SE marins et côtiers est évaluée à plus de 20 900 milliards de dollars par an. Cette somme est considérable et dépasse le PIB des États-Unis (2015). Mais la qualité de ces services dépend de la résilience et de la protection des écosystèmes. Lorsqu’un écosystème est dégradé, il fournit moins de services. Par exemple, les herbiers de posidonie sont de vastes étendues de plantes sous-marines présentes dans la mer Méditerranée. Ces plantes sont très vulnérables à l’activité humaine. L’urbanisation croissante des côtes, et l’augmentation du nombre de bateaux dont les ancres arrachent les plants, détruisent petit à petit ces habitats naturels. Or ces herbiers sont cruciaux pour lutter contre l’érosion du trait de côte. De plus, les herbiers constituent un habitat privilégié pour les jeunes poissons, en leur fournissant une protection contre les prédateurs. Leur destruction réduit le nombre de poissons, ce qui a un impact négatif pour les pêcheurs et les amateurs de plongée sous-marine.

Par ailleurs, les écosystèmes, tant marins que côtiers, offrent des perspectives enrichissantes et souvent méconnues. Les services culturels sont souvent négligés dans la prise en compte de la valeur de l’océan car difficiles à évaluer. Si l’on sait à quel point la pêche est une activité économique de premier ordre dans bon nombre de pays, on oublie parfois combien la mer est un espace culturel important. Du tourisme balnéaire aux arts plastiques, en passant par la navigation, la mer est un lieu de détente et d’inspiration. Elle peut également être vecteur de croissance économique, notamment dans le cadre des biotechnologies, qui développent des produits à partir de principes biologiques observés dans la nature. Par exemple, l’analyse du poison de certains coquillages a permis d’isoler la ziconotide, un analgésique désormais utilisé en médecine. Or l’océan reste encore relativement peu étudié. De nombreuses autres applications utiles à l’homme pourraient encore être trouvées.

Pour que les écosystèmes continuent à fournir autant de services, il faut préserver ces écosystèmes, c’est-à-dire protéger la biodiversité et réduire à un niveau minimal les impacts de l’homme sur leur fonctionnement. Protéger la biodiversité marine, c’est donc protéger le climat et par là même protéger les êtres humains.

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