A l’occasion des discussions pré-COP qui s’ouvrent aujourd’hui à Abu Dhabi, la Plateforme Océan & Climat et ses partenaires Conservation International, Rare, The Nature Conservancy, UICN, Wetlands International et WWF, dévoilent la version finale de leur rapport sur les Ecosystèmes côtiers et marins comme Solutions fondées sur la Nature dans les Contributions Déterminées au Niveau National (CDN) nouvelles ou révisées – dont les deux premières éditions ont été publiées respectivement en juin et en octobre 2021. Cette analyse démontre que les solutions fondées sur la nature (SfN) côtières et marines sont de plus en plus intégrées dans les stratégies nationales des Etats, illustrant ainsi la reconnaissance croissante de l’océan et de ses écosystèmes comme source de solutions pour lutter contre le changement climatique.

Comment les écosystèmes côtiers et marins peuvent-ils contribuer à atténuer et à s’adapter au changement climatique ?

De la sphère scientifique à la sphère politique, les écosystèmes côtiers et marins en bonne santé sont de plus en plus reconnus comme des solutions efficaces pour réduire les émissions et accroître la résilience, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris. L’année passée, la décision finale de la COP 27 soulignait ainsi l’importance “de protéger, de conserver et de restaurer la nature et les écosystèmes pour atteindre l’objectif de température énoncé dans l’Accord de Paris” notamment via les écosystèmes marins.

La même décision encourageait « les Parties à envisager d’inscrire […] des mesures fondées sur l’océan dans leurs objectifs climatiques nationaux […] y compris, mais sans s’y limiter, dans les Contributions Déterminées au Niveau National ». Ces actions comprennent notamment les SfN côtières et marines, qui permettent de tirer parti du plein potentiel d’atténuation et d’adaptation des écosystèmes côtiers et marins tout en procurant des bénéfices socio-économiques significatifs aux communautés côtières. À titre d’exemple, les mangroves contribuent aux moyens de subsistance de certaines populations humaines à hauteur de plus d’1,6 milliard de dollars (US) par an.

Comment les NbS côtières et marines sont-elles intégrées dans les stratégies climatiques nationales ?

Dans un contexte d’attention croissante portée à l’océan dans les stratégies climatiques, ce rapport a analysé les 148 CDN soumises au cours du premier cycle de révision. Il s’est ainsi centré sur l’intégration des SfN côtières et marines comme mesures d’atténuation et/ou d’adaptation au changement climatique.

Fig.1: Présentation des SFN côtières et marines intégrées comme mesures d’atténuation et/ou d’adaptation dans les CDN nouvelles ou révisées [sur 148 CDN reçues au 1er Octobre 2023]

Les principales conclusions mettent en évidence la reconnaissance grandissante du potentiel des SfN côtières et marines dans la lutte contre les effets du changement climatique : sur les 148 CDN soumises au 1er octobre 2023, plus des deux tiers (soit 97) mentionnent des SfN marines et côtières. Parmi celles-ci :

  • Près de la moitié des CDN analysées (soit 62) intègrent des SfN marines et côtières à des fins d’atténuation. Parmi les engagements des Etats, le Belize prévoit de protéger et de restaurer les écosystèmes de mangroves et d’herbiers marins afin d’améliorer leur capacité de séquestration du carbone, tandis que le Liberia s’est engagé à intégrer les gaz à effet de serre émis et absorbés par les mangroves dans son inventaire national des gaz à effet de serre, et ce d’ici à 2030.
  • Environ deux tiers des CDN analysées (soit 96 au total) incluent des SfN côtières et marines à des fins d’adaptation. À titre d’exemple, le Cap Vert prévoit d’étendre ses aires marines protégées et de mettre en œuvre des mécanismes de surveillance pour prévenir l’altération et la destruction des habitats marins sur son territoire. De la même manière, les Maldives se sont engagées à diversifier son industrie de la pêche et à renforcer les systèmes d’assurance pour améliorer la résilience des pêcheries artisanales.

L’analyse illustre également une reconnaissance croissante des co-bénéfices apportés par les solutions fondées sur la nature en côtières et marines, englobant à la fois des bénéfices liés au climat, à la biodiversité et à l’économie, ainsi qu’un engagement plus fort de la part des États pour faciliter leur mise en œuvre en créant des conditions favorables à l’action, notamment la recherche, le transfert de technologie, le renforcement des capacités et la mobilisation financière. Plus de chiffres, y compris une comparaison avec les premiers CDN, peuvent être trouvés dans le rapport.

 

Renforcer la mise en œuvre des NbS côtières et marines pour atteindre les objectifs de long-terme de l’Accord de Paris

Bien que la mise en œuvre de SfN côtières et marines ne soient pas suffisantes pour remplacer les efforts de réduction des émissions dans d’autres secteurs, elles offrent pour autant d’importantes possibilités pour rehausser l’ambition et accélérer l’action dans l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. Alors que la COP 28 verra la conclusion cette année du premier Bilan Mondial (GST) – une étape cruciale pour évaluer si les actions à court-terme présentées dans les CDN sont alignées avec les objectifs climatiques de long-terme – ce rapport contribuera à cet effort d’inventaire pour alimenter le deuxième cycle de révision des CDN en 2025, dans lequel les SfN marines et côtières devraient jouer un rôle plus important.

 

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