Ce 9 août 2021, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) publie son rapport « Changement Climatique 2021 : les Éléments Scientifiques » , premier volet d’une série de trois rapports qui se conclura par la publication du Rapport de Synthèse  général en septembre 2022.  

 

Fruit du travail de 234 auteurs issus de 66 pays différents, ce rapport s’appuie sur plus de 14 000 articles scientifiques et 78 000 commentaires de révision, auxquels la Plateforme Océan & Climat a notamment contribué. Il constitue la plus importante évaluation des connaissances sur l’évolution du climat depuis 2013. Grâce à des avancées scientifiques majeures, ce rapport apporte un nouvel éclairage sur les trajectoires passées, présentes et futures du changement climatique, et modélise ses projections autour de 5 scénarios d’émissions de gaz à effet de serre. « Nous avons maintenant une image beaucoup plus claire du climat passé, présent et futur, ce qui est essentiel pour comprendre où nous allons, ce qui peut être fait et comment nous pouvons nous préparer » déclare ainsi Valérie Masson Delmotte co-présidente du Groupe de travail 1 du GIEC, qui parle de ce rapport comme d’une “confrontation à la réalité”. 

Car le message que porte le GIEC est clair: les changements récents du climat sont généralisés, rapides et s’intensifient, et sont sans précédent depuis des milliers d’années. Il est encore possible de maintenir le réchauffement en dessous de 1,5°C, mais pour ce faire, la baisse de nos émissions doit être immédiate et drastique.

Les activités humaines: principales causes du changement climatique

Le rapport établit très clairement que les activités humaines sont responsables du changement climatique. En comparant les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines avec celles de phénomènes naturels et de variabilité interne, le rapport du GIEC montre qu’environ 1.1°C de la hausse des températures depuis 1850-1900 est imputable aux activités humaines.

Le changement climatique s’accélère et s’intensifie 

Les changements récents du climat sont sans précédent à l’échelle de milliers d’années. Les avancées scientifiques ont permis d’établir que ces quatre dernières décennies ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis 1850-1900 et que les taux de concentration de dioxyde de carbone ont été les plus élevés sur 2 millions d’années. Ces tendances pourraient se poursuivre et s’accélérer sans réduction rapide, drastique et durable des émissions de gaz à effet de serre, notamment sous l’effet d’une réduction de la capacité d’absorption du CO2 par les “puits de carbones” marins et terrestres, due à une concentration trop importante de CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, les températures vont continuer de croître jusqu’au milieu du siècle dans tous les scénarios d’émissions du GIEC. Cette augmentation pourrait excéder les objectifs de 1.5°C pour atteindre 3°C dès 2050 si aucune réduction drastique du dioxyde de carbone n’est mise en œuvre dans les décennies à venir. 

 

Les conséquences du changement climatique sont déjà visibles partout dans le monde

Le changement climatique est un phénomène global dont les effets se ressentent déjà partout dans le monde. Le rapport du GTI montre qu’au-delà de la hausse des températures, d’autres phénomènes vont s’intensifier et impacter les systèmes naturels et humains. Les impacts du changement climatique sont déjà visibles sur le cycle de l’eau avec des précipitations plus intenses associées à des inondations dans certaines régions et des sécheresses dans d’autres; l’élévation du niveau de la mer associée à d’importants risques de submersion; l’intensification d’événements extrêmes; la fonte des glaciers et du permafrost avec un recul de 40% de l’océan Arctique depuis 1979; l’augmentation des températures et des vagues de chaleur plus intenses et fréquentes dans l’océan ainsi que l’acidification et désoxygénation du milieu marin. 

 

Ces changements sont globaux mais ont des applications différentes aux échelles régionales. Partant de ce constat, le GIEC propose une analyse régionale visant à informer les décideurs politiques dans le cadre de politiques d’évaluation, de gestion du risque et d’adaptation. Ce rapport inclut ainsi un nouveau cadre d’analyse axé sur les impacts du changement climatique afin de traduire les changements physiques du climat (chaleur, froid, pluie, sécheresse, neige, vent, submersion côtière etc.) en termes de conséquences pour les sociétés humaines et les écosystèmes. Un Atlas Interactif et des fiches régionales permettent également de mettre au jour les observations des changements présents et à venir localement.    

Réduire drastiquement, rapidement et durablement les émissions de gaz à effet de serre 

L’élévation du niveau de la mer, l’augmentation des températures en profondeur, la diminution de la couverture glaciaire sont autant de changements profonds et de long terme qui devraient se poursuivre à l’échelle d’une vie humaine. Pour autant, l’ampleur de ces changements globaux dépend fondamentalement de la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre. Comme souligné dans le rapport, la hausse des températures et ses conséquences est une fonction croissance des émissions de CO2. En d’autres termes, chaque émission additionnelle de dioxyde de carbone contribue à aggraver les changements globaux. Le rapport insiste donc sur la nécessité d’atteindre la neutralité carbone afin de limiter la hausse des températures à 2°C d’ici 2050. 

 

 

Publié trois mois en amont de la COP26 de la CCNUCC, ce rapport tire la sonnette d’alarme sur l’urgence d’agir. Alors que seuls 110 Etats ont d’ores et déjà déposé  leur Contribution Déterminée au niveau National (nouvelle ou révisée), ce rapport marque une étape cruciale dans le rehaussement de l’ambition pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et devra être un outil essentiel dans le cadre des négociations internationales pour le climat. . A ce titre, le GIEC a rappelé que si l’ensemble des acteurs politiques, des entreprises, investisseurs et citoyens ont  leur rôle à jouer, les Etats du G20, en tant qu’émetteur de 80% des émissions de GES mondiales, ont la responsabilité de fixer des objectifs ambitieux et le pouvoir de réduire drastiquement leurs émissions. 

 

Anaïs Deprez, Sarah Palazot