L’année 2020 devait être une étape décisive pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris avec la révision à la hausse de l’engagement des pays. A ce jour, l’effort demeure insuffisant pour limiter le réchauffement à 1,5°C et atteindre la neutralité carbone en 2050. Les perspectives climatiques restent alarmantes, d’autant plus dans ce contexte de crise sanitaire mondiale. Malgré tout, des signes sont encourageants avec les nombreuses initiatives de la société civile, des entreprises et des collectivités territoriales, ainsi que la mobilisation des citoyens, des jeunes en particulier. Le dialogue entre scientifiques et décideurs a, quant à lui, largement contribué à intégrer le rôle de l’océan et ses écosystèmes dans l’Accord de Paris, un océan qui est au cœur de la machine climatique avec laproduction d’oxygène, l’absorption de la chaleur et la séquestration du carbone.

 

L’océan enfin dans les négociations climatiques

En 2019, le rapport du GIEC sur l’océan et la cryosphère a clairement montré que l’océan est un levier essentiel de la lutte contre le changement climatique. La même année à Madrid, lors de la « COP Bleue » (COP 25), la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, en intégrant formellement l’océan dans ses travaux, a reconnu que celui-ci faisait partie des solutions. Mais ces avancées n’auront d’impact réel que si l’on atteint les objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre.

 

L’élévation du niveau de la mer va s’amplifier

Face à l’accentuation des phénomènes climatiques, il faut réagir vite pour limiter les impacts humains, économiques et sociaux, et mettre en place des politiques d’adaptation appropriées. Le GIEC indique que d’ici 2100, sans réduction drastique des émissions, le niveau de la mer pourrait s’élever de près d’un mètre, et les événements extrêmes qui y sont liés risquent de devenir plus fréquents. Ces phénomènes vont redessiner tous nos littoraux, là où la population est la plus dense et continue d’affluer. Pour les villes côtières et leurs territoires, les défis sont colossaux.

 

Des solutions fondées sur la nature

Il existe de nombreuses solutions qui doivent être combinées entre elles. Afin d’adapter les territoires, et d’accompagner la relocalisation des populations et des activités, les ouvrages de protection sont nécessaires, mais impactent la vie marine sans pour autant garantir à long terme la sécurité des habitants. Il faut aussi accepter, lorsque cela s’impose, de céder du territoire à la mer. Pour freiner les assauts des vagues, les marais salants, les prairies marines ou d’autres écosystèmes côtiers constituent des solutions fondées sur la nature, efficaces et à moindre coût.

 

Construire un dialogue, plutôt que des digues

Si la réduction rapide et massive des émissions de gaz à effets de serre reste primordiale, l’adaptation des littoraux est devenue une priorité de la prochaine décennie. Pour la Plateforme Océan & Climat, il est nécessaire de renforcer la concertation à toutes les échelles, notamment sur la base de l’expertise scientifique. Cela suppose de développer la culture du risque et de déployer des actions d’information et de sensibilisation de grande ampleur pour faire de l’adaptation au changement climatique un défi commun. Une nouvelle course contre la montre est lancée. Elle doit aujourd’hui mobiliser plus encore la société civile, les scientifiques, les entreprises aux côtés des élus pour, ensemble, faire face à ce risque devenu bien réel.

 

Les signataires : Denis Allemand, Professeur et Directeur Scientifique, Centre Scientifique de Monaco ; Denis Bailly, Coordinateur, Ocean University Initiative, Université de Bretagne-Occidentale ; Ghislain Bardout, Directeur, Under The Pole ; Nathalie Benarrosh, chargée de mission Eau et Changement Climatique, Institut de Recherche pour le Développement – IRD ; Philippe Bensimon, Président, Expédition Tour des deux Amériques solidaire en voilier ; Jerôme Bignon, Président, Ramsar France ; Thomas Binet, Fondateur, BlueSeeds ; Gérard Blanchard, Professeur des Universités, spécialiste d’écologie littorale, Vice-président de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle, en charge du pilotage du projet « La Rochelle Territoire Zéro Carbone » ; Gilles Bœuf, Professeur émérite, Sorbonne Université ; Hubert Bost, Vice-Président Recherche, Université PSL ; Chris Bowler, Directeur de recherche, Université Paris Science et Lettre et CNRS ; Robert Calcagno, Directeur Général, Institut océanographique, Fondation Albert Ier prince de Monaco ; Guigone Camus, Ingénieur de recherche, Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement ; Catherine Chabaud, Députée européenne ; Thomas Changeux, Directeur Adjoint Institut Méditerranéen d’Océanologie (MIO), Institut de Recherche pour le Développement-IRD ; Antidia Citores, Porte Parole, Surfrider Foundation Europe ; Joachim Claudet, Directeur de recherche, CNRS ; Stéphane Costa, Professeur, Université de Caen ; Philippe Cury, Directeur de recherche, Institut de Recherche pour le Développement- IRD ; Raphaël Cuvelier, Vice-Président de la Plateforme Océan & Climat ; Bruno David, Paléontologue et biologiste ; De Williencourt Thomas, Directeur, Pure Ocean ; Patrick Deixonne, Directeur, Expédition 7ème continent ; Dominique Duche, Directeur, Aquarium Tropical du Palais de la Porte Dorée ; Jean-Louis Etienne, médecin et explorateur, Président Océan Polaire ; Jean-François Fountaine, Maire de la Rochelle ; François Frey, Président, Esprit de Velox ; Françoise Gaill, Directrice de recherche émérite, CNRS et Vice Présidente de la Plateforme Océan & Climat ; Didier Gascuel, Directeur du pôle halieutique, mer et littoral, Institut Agro ; Alain Grandguillot, Président, ANEF ; Jean-Marc Groul, Directeur, Seaquarium ; Charline Guillou, Présidente, Sailing Hirondelle ; Michel Hignette, Président, Union des Conservateurs d’Aquarium ; François Houllier, Président-directeur Général, ifremer ; Frédéric Jean, Professeur des Universités, IUEM, Université de Brest, CNRS, IRD ; Jean Jouzel, Paléo-climatologue, directeur de recherche émérite au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement ; Armelle Jung, chargée des projets scientifiques, Des Requins et des Hommes ; Christine Lair, Déléguée Générale, Association Nationale des Elus du Littoral – ANEL ; Patrice Laporte, directeur Adjoint, Service hydrographique et océanographique de la Marine – SHOM ; Edouart Le Bart, Directeur Europe du Sud, Afrique, Moyen Orient et Asie du S-E, Marine Stewardship Council – MSC ; Raphaëla Le Gouvello, Présidente, RespectOcean ; Sarah Lelong, Fondatrice, Consult’Ocean ; Antoine Leroux, Vice-Président, LemonSea ; Lisa Levin, Distinguished Professor, Scripps Institution of Oceanography, University of California, San Diego ; Céline Liret, Directrice Scientifique, Océanopolis ; Danielle McCaffrey, Co-founder, Waves of Change ; Elodie Martinie Cousty, Pilote du Réseau Océan Mer et Littoral et Membre du Bureau National de France Nature Environnement ; Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, co-présidente du Groupe de Travail sur les bases physiques du climat du GIEC ; Frédéric Menard, Conseiller Scientifique Outre-Mer, Institut de Recherche pour le Développement – IRD ; Régis Menu, Secrétaire Général, Institut Français de la Mer ; Anne Michon, Chargée des médiations, Esprit de Velox ; Fabien Moullec, Trésorier, Association Française d’Halieutique – AFH ; Nadia Ounais, Directrice des Relations Internationales, Institut océanographique, Fondation Albert Ier prince de Monaco ; Jimmy Pahun, Député du Morbihan ; Rémi Parmentier, Director, The Varda Group; Secretary of the Because the Ocean Initiative; Gabriel Picot, Chargé du Développement, Aquarium Tropical du Palais de la Porte Dorée ; Olivier Pringault, Directeur Département Océan, Institut de Recherche pour le Développement – IRD ; Louise Ras, Coordinatrice scientifique, Sailing Hirondelle ; Eudes Riblier, Président, Institut Français de la Mer ; Patricia Ricard, Présidente, Institut Océanographique Paul Ricard et Vice Présidente de la Plateforme Océan & Climat ; Maina Sage, Députée de Polynésie Française ; Mark Joseph Spalding, President, The Ocean Foundation ; David Sussman, Président, Pure Ocean ; Coco Tamlyn, Responsable communication, Coral Guardian ; Stéphanie Thiebault, Directrice de l’Institut écologie et environnement – INEE, CNRS ; Torsten Thiele, Directeur Exécutif, Global Ocean Trust ; Romain Troublé, Directeur Général, Fondation Tara Océan et Président de la Plateforme Océan & Climat ; Laurence Tubiana, Présidente-Directrice, European Climate Foundation ; Carol Turley, Senior Scientist, Plymouth Marine Laboratory ; Jessie Turner, Directrice, International Alliance to Combat Ocean Acidification ; Philippe Valette, Directeur Général, Nausicaa ; Olivier Wenden, Vice-Président, CEO, Fondation Prince Albert II de Monaco ; Gwénaël Duclos, Directeur, Wipsea ; Valérie Verdier, Présidente Directrice-Générale, Institut de Recherche pour le Développement-IRD.