Adapto : vers une gestion souple du trait de côte - Estuaire de l'Orne

Estuaire de l’Orne et Marais de Cagny (Communes de Sallenelles, Amfreville, Ranville) – France

Porteur du projet: Conservatoire du Littoral

Dates : 2018-2022

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

Le projet Adapto cherche à faire la preuve par l’exemple de l’intérêt d’une gestion souple du trait de côte comme solution d’adaptation des territoires littoraux au changement climatique. C’est un projet financé par le programme Life de l’Union Européenne, et porté par le Conservatoire du Littoral et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. 

En France ce projet est déployé à l’échelle de 10 territoires pilotes, dont le site de l’Estuaire de l’Orne, Normandie. La morphologie de l’Estuaire a été considérablement modifiée avec la création du canal au 19ème siècle ainsi que l’endiguement de la rivière qui ont entraîné la disparition du schorre sur la majeure partie du site. En 2011, la digue du marais de Cagny a cédé entraînant une inondation des zones basses. Lors des grandes marées, la mer dépasse occasionnellement le sommet de la digue. Face à ce constat et dans une perspective d’adaptation au changement climatique, il convient de réfléchir à son devenir et plus largement aux terrains situés en arrière. Une réflexion commune est menée avec l’ensemble des acteurs locaux autour de solutions. En plus d’un décloisonnement des polders et marais attenants, il s’agit de conserver les qualités des espaces naturels maritimes car le retour à une végétation de prés salés sur certains secteurs présente des intérêts économiques, de biodiversité et de paysage. 

Les actions réalisées sont les suivantes : (1) Analyse historique et prospective de l’évolution des paysages; (2) Étude hydraulique sur le biseau salé; (3) Cartographie des habitats naturels et analyse de leur évolution possible; (4) Mise en place d’un indicateur de qualité écologique; (5) Évaluation économique des différents scénarii de gestion du trait de côte; (6) Analyse de la perception sociale des usagers et riverains du site; (7) Développement d’outils d’aide à la décision (analyse multi-critères) et concertation autour des scénarios d’évolution possibles; (8) Actions pédagogiques auprès de scolaires, des élus, des usagers et des gardes du littoral; (9) Échanges d’expérience avec d’autres sites et capitalisation sur la démarche menée.

Actions

Le projet Adapto entreprend des actions de planification territoriale relatives à l’approbation du Plan de Prévention Multi-Risques (PPR) par les services de l’Etat. Les activités de planification incluent également une révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU) dans le cadre d’un projet de déplacement de la piste cyclable.  

Enfin, cette action se déploie dans le cadre de la définition par le territoire d’une stratégie locale de gestion intégrée de la bande côtière à l’échelle de la sous-cellule hydro-sédimentaire. Celle-ci est portée par trois Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) : Communauté de communes de la côte de nacre; Communauté Urbaine de Caen la Mer et communauté de communes de Normandie Cabourg Pays d’Auge.

Les éléments de connaissance disponibles sur ce site montrent que le maintien en l’état de ces polders n’est pas l’unique façon d’appréhender l’avenir de ce territoire. En effet, le retour à une végétation de prés salés sur le secteur des Terrains François présente des intérêts économiques, de biodiversité et de paysage certains. L’Orne, fortement chenalisée, manque d’espace d’expansion de crues : cela pose la question du décloisonnement des polders et marais attenants dans une perspective d’adaptation au changement climatique.

Le projet prévoit la création d’un dalot dans une digue de premier rang. Cette compensation environnementale de l’extension du port de Ouistreham doit permettre la restauration d’habitats estuariens par une dépoldérarisation, contrôlant ainsi les volumes d’eau entrant, tout en maintenant la continuité du sentier du littoral sur les Terrains François (Sallenelles).

Dans le cadre du projet Adapto, le Conservatoire du Littoral déploie une série d’actions pédagogiques :

  • Développement et déploiement d’un programme pédagogique à destination de classes de primaires et collèges 
  • Création d’une exposition sur l’évolution de l’estuaire de l’Orne à l’horizon 2100 de façon humoristique
  • Sensibilisation et développement d’outils à destination des gardes de la région

Le projet s’attache également à organiser des événements de restitution et de communication des résultats du projet à destination des praticiens, élus et grand public au niveau local et régional. De même, des ateliers de concertation avec la population sont régulièrement organisés.

Le site participe à des actions nationales de capitalisation et de mise en perspective par rapport aux autres sites Adapto.

Sur le site, le Conservatoire mène des actions de recherche telles que: 

  • une analyse historique et prospective de l’évolution des paysages ; 
  • des études hydraulique sur le biseau salé; 
  • une cartographie des habitats naturels et une analyse de leur évolution possible ; 
  • une évaluation économique des différents scénarii de gestion du trait de côte ;
  • l’actualisation de l’analyse de la perception sociale des usagers ; 
  • ainsi que l’actualisation d’outils d’aide à la décision (analyses économiques et multi-critères) autour de scénarios d’évolution possibles à long terme.

Par ailleurs, un travail de recherche, mené en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle dans le cadre d’Adapto, vise à élaborer un indicateur de qualité écologique adapté aux milieux naturels littoraux. Cet indicateur doit notamment permettre de qualifier l’impact des projets de reconnexion sur la qualité écologique des milieux naturels littoraux, et de suivre leur état dans le temps. C’est un enjeu essentiel pour le Conservatoire du littoral et ses gestionnaires, qui ont un objectif d’amélioration de la qualité écologique. Il s’agit aussi d’apporter des éléments de réponse aux inquiétudes exprimées par différents acteurs du monde de l’environnement, sur les impacts négatifs potentiels de la reconnexion marine sur certaines espèces animales et végétales inféodées aux milieux doux.

Bilan

Les initiatives de dépoldérisation étant encore relativement peu nombreuses en France, les 10 sites du programme Adapto offrent un fort potentiel en matière de retours d’expériences.

Le site est en propriété du Conservatoire du Littoral pour la totalité du projet de reconnexion situé sur le polder des Terrains François et en grande partie dans la zone submersible du marais de Cagny. 

Un accompagnement par le Conservatoire du Littoral et le gestionnaire du site sur un temps long qui vise à mettre en place une agriculture plus résiliente et favorable à la biodiversité (culture vers praires permanentes en pâturage extensif), à initier des actions de renaturation et à réduire les enjeux économiques et humains pour ensuite permettre la libre évolution du site vers un marais maritime et enfin le développement du potentiel écotouristique et culturel autour de ces nouveaux paysages.

Importance de vulgariser et restituer largement les résultats (approche historique, paysage, biodiversité,…) menés sur le site auprès des acteurs locaux, pour renforcer l’acceptation sociale des choix de gestion.

Partenaires

Partenaires techniques : Usagers des sites, Conservatoire du Littoral, Département du Calvados, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Muséum National d’Histoire Naturelle, CPIE Vallée de l’Orne, Maison de la nature et de l’estuaire, Services de l’état, Chambre d’agriculture, Agence d’urbanisme, communes et intercommunalité, acteurs économiques

Partenaires financiers: Union Européenne, Office Français pour la Biodiversité, Fondation de France, Fondation Total

Ressources