Adapto: vers une gestion souple du trait de côte - Île Nouvelle

Île Nouvelle (Communes de Blaye et Saint-Genès de Blaye) – France 

Dates : 2017-2022

Porteur du projet: Conservatoire du Littoral

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

Le projet Adapto cherche à faire la preuve par l’exemple de l’intérêt d’une gestion souple du trait de côte comme solution d’adaptation des territoires littoraux au changement climatique. C’est un projet financé par le programme Life de l’Union Européenne, et porté par le Conservatoire du Littoral et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. 

Le projet Adapto est déployé à l’échelle de 10 territoires pilotes, dont le site de l’Ile Nouvelle dans l’estuaire de la Gironde. L’île Nouvelle, historiquement exploitée en viticulture puis en céréaliculture, a été progressivement renaturée à la suite de son acquisition par le Conservatoire du Littoral en 1991. Depuis près de 10 ans, ce site est un laboratoire de gestion souple du trait de côte, symbole de l’adaptation au changement climatique, et un magnifique espace de démonstration des bénéfices rendus par la nature. En 2010, lors de la tempête Xynthia, une brèche apparue au nord-ouest de l’île dans le système d’endiguement a reconnecté la partie nord de l’île à l’estuaire, permettant d’expérimenter une gestion souple du trait de côte. Au sud de l’île, la gestion des niveaux d’eau est désormais contrôlée, de façon à conjuguer accueil du public et valorisation du potentiel écologique. L’objectif d’Adapto pour ce site est de capitaliser sur les connaissances et retours d’expérience de la gestion menée sur l’île depuis plus d’une décennie, et de poursuivre les réflexions sur l’évolution du site à long terme en prenant en compte les impacts du changement climatique

Pour cela, le Conservatoire entreprend une série d’actions sur le site : (1) Echanges d’expériences avec d’autres sites et capitalisation sur la démarche menée ; (2) Actions pédagogiques auprès de scolaires, d’élus, d’usagers et de gardes du littoral ; (3) Analyse historique et prospective de l’évolution des paysages ; (4)  Evaluation des services écosystémiques fournis par la reconnexion de l’Île Bouchaud ; (5) Mise en place d’un indicateur de qualité écologique ; (6)  Analyse de la perception sociale des usagers et riverains, (7) Développement d’outils d’aide à la décision (analyses économiques et multi-critères) et concertation autour de scénarios d’évolution possibles.

Actions

Depuis près de 10 ans, ce site est un laboratoire de gestion souple du trait de côte, symbole de l’adaptation au changement climatique, et un magnifique espace de démonstration des bénéfices rendus par la nature.

En 2010, la partie nord de l’Île a été reconnectée suite à la tempête Xynthia. La zone est depuis laissée en libre évolution complète et fait l’objet de nombreux suivis scientifiques notamment sur sa faune et flore. Sur la partie sud de l’île, la gestion des niveaux d’eau est contrôlée, de façon à conjuguer accueil du public et valorisation du potentiel écologique.

Le Conservatoire du Littoral engage des actions globales de renforcement des compétences et de partage des connaissances. Celles-ci comprennent des actions nationales de capitalisation et de mise en perspective par rapport aux autres sites Adapto. Mais également des évènements de restitution et de communication des résultats du projet à destination des praticiens, élus et grand public au niveau local et régional. Enfin, le Conservatoire du Littoral met en oeuvre des actions pédagogiques telles que: 

  • Développement et déploiement d’un programme pédagogique à destination de classes de primaires et collèges 
  • Sensibilisation et développement d’outils à destination des gardes du département (trousseau animateurs)
  • Création d’une exposition (format kakémonos) sur l’évolution passée et le devenir de l’Île

Sur le site, le Conservatoire mène des actions de recherche telle qu’une analyse historique et prospective de l’évolution des paysages ; l’actualisation de l’analyse de la perception sociale des usagers ; ainsi que l’actualisation d’outils d’aide à la décision (analyses économiques et multi-critères) autour de scénarios d’évolution possibles à long terme.

Il a également engagé un travail de recherche, mené en partenariat avec le Museum National d’Histoire Naturelle dans le cadre d’Adapto, qui vise à élaborer un indicateur de qualité écologique adapté aux milieux naturels littoraux. Cet indicateur doit notamment permettre de qualifier l’impact des projets de reconnexion sur la qualité écologique des milieux naturels littoraux, et de suivre leur état dans le temps. C’est un enjeu essentiel pour le Conservatoire du littoral et ses gestionnaires, qui ont un objectif d’amélioration de la qualité écologique. Il s’agit aussi d’apporter des éléments de réponse aux inquiétudes exprimées par différents acteurs du monde de l’environnement, sur les impacts négatifs potentiels de la reconnexion marine sur certaines espèces animales et végétales inféodées aux milieux doux. 

Spécifiquement sur le site de l’Île Nouvelle, un autre projet de recherche, en partenariat avec l’INRAE, est en cours pour évaluer les services écosystémiques fournis par la reconnexion marine. L’approche utilisée est celle des matrices de capacités, qui évalue les services écosystémiques en fonction de la capacité potentielle des écosystèmes à assurer certaines fonctions écologiques. Des estimations plus précises, à partir de campagnes de pêche, sont réalisées en ce qui concerne la fonction nourricerie pour les poissons et crustacés. Ce projet vise à apporter des éléments scientifiques aux décideurs locaux sur l’intérêt d’avoir laissé (et de continuer à laisser) cette zone en libre-évolution. Il vient aussi nourrir les réflexions d’autres sites Adapto, dans le cadre notamment des analyses des impacts économiques des solutions fondées sur la nature (en comparaison avec d’autres stratégies de gestion plus fixistes).

Bilan

Les initiatives de dépoldérisation étant encore relativement peu nombreuses en France, ce site reconnecté depuis plus d’une dizaine d’années, et ayant fait l’objet de nombreux suivis, a un fort potentiel en matière de retours d’expériences

Pour l’heure, l’évolution du site est très positive, que ce soit en termes de re-création d’habitats de type estuarien, ou de développement de la présence d’espèces piscicoles et avifaunistiques associées.

Le site est en propriété du Conservatoire du littoral pour la totalité de sa surface. Ceci permet un accompagnement par le Conservatoire du littoral et le gestionnaire sur un temps long, du moment de l’arrêt de l’activité agricole (en 1997), de la mise en place d’actions de renaturation dès les années 2000, à la libre évolution du site facilitée par l’absence d’enjeux économiques et humains, et enfin au développement du potentiel écotouristique et culturel de l’île depuis 2015. 

Contexte estuarien spécifique, avec un fort taux de sédimentation (influence du bouchon vaseux et de la dynamique courant/marées).

Importance de vulgariser et restituer largement les résultats des suivis menés sur le site auprès des acteurs locaux, pour renforcer l’acceptation sociale des choix de gestion.

Partenaires

Partenaires techniques: Conservatoire du littoral, Conseil Départemental de Gironde, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, INRAE, Museum National d’Histoire Naturelle , CPIE Médoc, CAUE Gironde, Services de l’État, communes et intercommunalités, acteurs économiques, riverains

Partenaires financiers: Union Européenne, Région Nouvelle Aquitaine, Agence de l’Eau Adour Garonne, Office Français pour la Biodiversité, Fondation de France, Fondation Total

Ressources