Adapto : vers une gestion souple du trait de côte - site des Rizières de Mana

Mana, Guyane – France

Porteur du projet: Conservatoire du Littoral

Dates : 2017-2022

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

Le projet Adapto cherche à faire la preuve par l’exemple de l’intérêt d’une gestion souple du trait de côte comme solution d’adaptation des territoires littoraux au changement climatique. C’est un projet financé par le programme Life de l’Union Européenne, et porté par le Conservatoire du Littoral et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. 

Le projet Adapto est déployé à l’échelle de 10 territoires pilotes, dont le site des Rizières de Mana en Guyane. Depuis les années 2000, le site de Mana subit une forte érosion (150 mètres par an en moyenne) à laquelle s’ajoutent de nombreuses difficultés qui ont précipité la fin des projets de développement rizicole en 2010. Dès lors, cette déprise agricole a entraîné un assèchement du milieu, une perte d’habitats humides et une diminution drastique des populations limicoles. Depuis 2018, le Conservatoire du Littoral développe une action de maîtrise foncière (2300 ha actuellement) pour protéger cet espace et conserver sa richesse en mettant en place un projet de site se basant sur une utilisation agricole diversifiée, l’ouverture au public et une valorisation écotouristique basée sur l’observation des oiseaux. L’objectif d’Adapto pour ce site est de capitaliser sur les apprentissages issus de la gestion qui y est menée, et de poursuivre les réflexions sur l’évolution du site à long terme en prenant en compte les impacts du changement climatique.

Pour cela, le Conservatoire entreprend une série d’actions sur le site : (1) Une étude sur la projection du trait de côte à l’horizon 2050 ; (2) Des travaux visant à optimiser le fonctionnement hydraulique et l’accueil de la biodiversité ; (3) Des échanges d’expériences avec d’autres sites et capitalisation sur la démarche menée ; (4) Des actions pédagogiques auprès de scolaires, d’élus, d’usagers et de gardes du littoral ; (5) Une analyse historique et prospective de l’évolution des paysages ; (6) La mise en place d’un indicateur de qualité écologique ; (7) Une analyse de la perception sociale des usagers et riverains ; (8) Le développement d’outils d’aide à la décision (analyses économiques et multi-critères) et concertation autour de scénarios d’évolution possibles.

Actions

Le Conservatoire a débuté une maîtrise foncière depuis 2018 (2300 ha actuellement). Tenant compte des projections du trait de côte à 2030 et 2050 (étude BRGM) il a élaboré avec ses partenaires un projet de site. 

Le projet consiste à restaurer certains canaux du réseau hydraulique, de développer une activité d’élevage afin d’ouvrir le milieu et de répondre aux besoins de conservation. L’avantage de l’élevage est aussi de pouvoir déplacer les troupeaux en cas d’aléas. Des projets écotouristiques sobres y seront développés.

Le Conservatoire du Littoral entreprend des travaux visant à optimiser le fonctionnement hydraulique et l’accueil de la biodiversité. Des ouvrages hydrauliques perçant le chenier (cordon sableux fossile naturellement protecteur) et le fragilisant seront retirés afin renaturaliser le chenier.

Dans le cadre du projet Adapto, le Conservatoire du Littoral déploie une série d’actions pédagogiques :

  • Développement et déploiement d’un programme pédagogique à destination de classes de primaires et collèges 
  • Création d’une exposition (format kakémonos) sur l’évolution passée et le devenir du site

Le projet s’attache également à organiser des événements de restitution et de communication des résultats du projet à destination des praticiens, élus et grand public au niveau local et régional. 

Il participe également à des actions nationales de capitalisation et de mise en perspective par rapport aux autres sites Adapto.

Sur le site, le Conservatoire mène des actions de recherche telle qu’une analyse historique et prospective de l’évolution des paysages ; l’actualisation de l’analyse de la perception sociale des usagers ; ainsi que l’actualisation d’outils d’aide à la décision (analyses économiques et multi-critères) autour de scénarios d’évolution possibles à long terme.

Par ailleurs, un travail de recherche, mené en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle dans le cadre d’Adapto, vise à élaborer un indicateur de qualité écologique adapté aux milieux naturels littoraux. Cet indicateur doit notamment permettre de qualifier l’impact des projets de reconnexion sur la qualité écologique des milieux naturels littoraux, et de suivre leur état dans le temps. C’est un enjeu essentiel pour le Conservatoire du littoral et ses gestionnaires, qui ont un objectif d’amélioration de la qualité écologique. Il s’agit aussi d’apporter des éléments de réponse aux inquiétudes exprimées par différents acteurs du monde de l’environnement, sur les impacts négatifs potentiels de la reconnexion marine sur certaines espèces animales et végétales inféodées aux milieux doux.

Bilan

Les travaux sur ce site ne sont pas encore engagés, il est donc trop tôt pour tirer des conclusions sur les bénéfices du projet d’un point de vue technique. 

La réussite principale actuelle tient au fait que l’initiative amène les acteurs locaux et les élus à appréhender ces problématiques et à en tenir compte dans l’aménagement de leur territoire. Elle initie une concertation entre les acteurs sur les solutions à mettre en œuvre et les invite à avoir une vision à long terme de leur territoire

Le site est en propriété du Conservatoire du Littoral sur plus de la moitié de sa surface, ce qui permet un  accompagnement par le Conservatoire et le gestionnaire sur un temps long. 

La concertation avec les acteurs locaux est essentielle au bon fonctionnement du projet. 

Importance de vulgariser et restituer largement les résultats des suivis menés sur le site auprès des acteurs locaux, pour renforcer l’acceptation sociale des choix de gestion.

Partenaires

Partenaires techniques : Conservatoire du Littoral, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Muséum National d’Histoire Naturelle, Association de Découverte de la Nature de Guyane, ENSP Versailles, services de l’état, communes et intercommunalités, acteurs économiques, riverains 

Partenaires financiers: Union Européenne, Office de l’eau de Guyane, OFB, Fondation de France, Fondation Total

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