Du 11 au 15 Octobre 2021 se tiendra la première étape de la COP15 de la convention sur la diversité biologique, lors de laquelle les représentants des Etats parties à la convention élaboreront une nouvelle “déclaration de Kunming”. Alors que la thématique de la biodiversité prend un place de plus en plus importante dans les agendas politiques, cet événement, reporté plusieurs fois à cause du Covid, est très attendu par la communauté internationale. La deuxième étape de la COP15 aura lieu au printemps 2022 et sera l’occasion pour les Etats parties de négocier un nouveau cadre de protection de la nature pour la décennie à venir.
Qu’est-ce que la Convention sur la Diversité Biologique ?
La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) a été lancée au sommet de la Terre de Rio en 1992, au même moment que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cet accord juridique international vise à agir à tous les niveaux de la diversité biologique en se focalisant sur les écosystèmes, les espèces et les ressources génétiques. Elle poursuit 3 objectifs: La conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de la diversité biologique et le partage juste et équitable des avantages émanant de l’utilisation de ces ressources biologiques.
En 2010, les Parties à la CDB ont adopté un plan stratégique (2011-2020) pour la diversité biologique visant à sauvegarder et protéger la diversité ainsi que les acteurs et écosystèmes qui l’entourent (décideurs, pêcheurs, agriculteurs, populations autochtones, populations dépendant des ressources en eaux naturelles etc…). 20 objectifs (Objectifs d’Aichi) ainsi qu’un protocole de stratégie financière (protocole de Nagoya) autour de l’Aide Publique Internationale (API) consacrée à la biodiversité ont été fixés dans le cadre de ce plan stratégique.
Quelle place pour l’océan dans les objectifs d’Aichi ?
La biodiversité terrestre et marine offre un certain nombre de services écosystémiques essentiels au maintien de la vie sur Terre. Plus particulièrement, l’océan assure de nombreuses fonctions essentielles pour la régulation climatique et le bien être des sociétés humaines. Plusieurs objectifs d’Aichi s’intéressent ainsi à la protection de l’océan et de ses écosystèmes, en particulier la gestion durable des ressources halieutiques, la lutte contre la surpêche et ses effets sur les espèces et les écosystèmes ainsi que la préservation des écosystèmes marins et côtiers fortement impactés par les pressions anthropiques, tel que les récifs coralliens.
Le rapport du premier projet de cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, publié en juillet 2021 nous indique que “malgré certains progrès, aucune des cibles d’Aichi en matière de biodiversité n’a été pleinement atteinte, ce qui compromet la réalisation de la Vision 2050 pour la biodiversité et d’autres objectifs internationaux”.
Quels grands enjeux pour cette COP15?
Alors que les objectifs fixés d’Aichi n’ont pas été atteints, le premier projet de cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, a élaboré une proposition de projet en tenant compte des récentes conclusions et recommandations du groupe de travail dédié.
Plusieurs propositions sur la protection de l’océan apparaissent dans l’avant-projet, notamment, d’ici à 2030, “veiller à ce qu’au moins 30% des zones revêtant une importance particulière pour la biodiversité et ses contributions aux populations soient conservées grâce à des systèmes de zones protégées et d’autres mesures de conservation efficaces et équitables”. Une proposition notamment portée par les 70 pays de la Coalition de la haute ambition pour la nature, co-présidée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni. La protection et la restauration des écosystèmes marins font également partie des propositions: veiller à ce que 20% des écosystèmes marins fassent preuve de restauration d’ici à 2030 ainsi qu’une réduction d’au moins 50% de la pollution de nature anthropogénique d’ici à 2030.
Les enjeux de financement de la biodiversité et de finance durable seront également au cœur des discussions, constituant un frein important à la mise en œuvre des objectifs de préservation de la biodiversité. Des enjeux qui mobilisent en amont, puisque 75 investisseurs venus de 17 pays différents ont signé le Finance for Biodiversity Pledge, un appel aux gouvernements pour réhausser l’ambition et inverser le déclin de la biodiversité actuel.
Enfin, le renforcement des liens entre biodiversité et climat devrait également faire l’objet d’une attention particulière, comme cela fut le cas au Congrès mondial de la Nature de l’UICN. Les experts du GIEC et de l’IPBES l’ont rappelé dans leur rapport conjoint publié en juin dernier : “aucun de ces enjeux (climat-biodiversité) ne sera résolu avec succès s’ils ne sont pas abordés ensemble”. Un message fort qui devra également être adressé dans le cadre de la COP26 de Glasgow, qui se tiendra du 1er au 12 novembre prochain.
Mariana Roudaut, Anaïs Deprez