Le Mercredi 23 octobre, le Président de la République, a atterri sur l’île Grande Glorieuse accompagné de scientifiques français de renom. Cette île de l’océan Indien qui fait partie des îles Eparses, 5ème district des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), mesure 4,5 km² et se situe au nord du Canal du Mozambique. Les habitats terrestres, côtiers, et océaniques des Glorieuses sont le support d’une biodiversité exceptionnelle. La richesse marine recensée à ce jour s’élève à 2590 espèces dans l’archipel des Glorieuses. 11% de ces espèces sont inscrites sur les conventions régionales et internationales.

Le Président de la République s’est rendu sur cette île en compagnie de Françoise Gaill (Vice-Présidente de la Plateforme Océan et Climat, CNRS), Romain Troublé (Président de la Plateforme Océan et Climat et Directeur Général de la Fondation Tara Océan), Bruno David (Directeur Général du MNHM), Claire Saraux (CNRS) et Isabelle Autissier (Présidente de WWF France). La délégation a pu profiter de cette mission pour échanger avec la préfète des TAAF, Evelyne Decorps, et son directeur de l’environnement, Cédric Marteau, sur les projets en cours et envisager la mise en œuvre des décisions du Président de la République.

Alors que se tenait simultanément le Quatrième Colloque National des Aires Marines Protégées (Biarritz), Emmanuel Macron a rappelé sa volonté de classer 30% de la ZEE française en aires marines protégées dont un tiers en « pleine naturalité ». Ce court passage sur l’île Grande Glorieuse a ainsi donné lieu à des discussions intenses débouchant sur trois annonces cruciales pour ce singulier territoire français.

© Soazig de la Moissonière - Présidence de la République

La création d’une réserve naturelle nationale au sein des Éparses

« Nous avons décidé le classement en Réserve naturelle nationale de la Grande Glorieuse »

Comme l’a montré le récent Rapport Spécial du GIEC sur l’Océan et la Cryosphère, les effets du changement climatique pèsent de manière significative sur l’océan et ses écosystèmes. A des effets tels que l’acidification, le réchauffement océanique, la désoxygénation ou encore la hausse du niveau de la mer, s’ajoutent les impacts des activités humaines comme le transport maritime ou encore les pêches qui pèsent sur des peuplements de poisson souvent exploitées à leur niveau de rendement maximal, voire au-delà. Conscient de la singularité de Grande Glorieuse et rappelant que « l’ensemble des Eparses a vocation à être classé ainsi [réserve naturelle] également », Emmanuel Macron a déclaré que l’île serait désormais classée en Réserve naturelle nationale. Il s’agit d’une véritable victoire pour les scientifiques qui comptaient renforcer le statut de protection des eaux des Glorieuses auparavant classées parc naturel marin. Il a enfin rappelé que la protection de la biodiversité sera le socle d’activités économiques plus résilientes, y compris au-delà du périmètre de la future réserve.

Renforcer la présence scientifique sur l’île Grande Glorieuse

« Nous allons investir pour développer une présence scientifique plus forte et plus pérenne »

Rappelant que « protéger c’est aussi mieux comprendre et mieux valoriser », le Président de la République a annoncé la création d’une base scientifique sur Grande Glorieuse destinée aux chercheurs français et internationaux. Celle-ci devrait permettre d’étudier au plus près la grande richesse de la biodiversité de cette zone et son évolution face aux changements globaux. Cet espace unique intéresse ainsi de nombreux domaines de recherches comme la biologie, la médecine ou la physique. Emmanuel Macron a donc profité de son court passage sur l’île paradisiaque pour affirmer sa volonté de donner plus de moyens aux scientifiques afin de poursuivre l’agenda biodiversité océan qui marquera l’année 2020 avec le Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille et la COP15 Biodiversité de Beijing.

Le non renouvellement des explorations minières dans les Eparses

« Je ne souhaite plus que dans la zone, nous puissions ouvrir de nouvelles perspectives [de forage] »

Enfin, alors qu’il évoquait la perspective d’un forage sur l’île Juan de Nova, le Président de la République est revenu sur l’exploitation et l’exploration des ressources minières et d’hydrocarbures dans la région. Défendant une cohérence dans son engagement et réfutant la possibilité de futures exploitations à visées économiques, il a souhaité « que l’on puisse, au contraire, valoriser notre stratégie biodiversité ». Il a donc émis la volonté d’investir sur le temps long, rappelant la volatilité du « capital artificiel » contrairement au « capital naturel ». Les activités humaines sur ces territoires devront donc prendre en compte leur nouvelle spécificité et s’inscrire dans une démarche résiliente et durable.

Gauthier Carle, Plateforme Océan et Climat