Trois grandes tendances ont été mises en évidence à la suite de ce projet.
Premièrement, l’hypothèse selon laquelle les populations les plus défavorisées seraient également celles qui seraient les plus exposées aux risques naturels ou anthropiques et les plus éloignées des aménités naturelles ou urbaines n’est pas aussi facilement vérifiée sur les deux cas d’étude. La situation est plus complexe, notamment pour La Rochelle, ville moyenne littorale, où d’autres influences et facteurs doivent être pris en compte.
Un deuxième résultat important porte sur l’inégalité de traitement entre les territoires et leur capacité à faire face aux risques littoraux. Principalement étudié entre Charron et Aytré, il s’avère que suite à la tempête Xynthia, les territoires n’ont pas eu accès au conseil d’Etat avec la même facilité, certains utilisant leur réseau politique, alors que d’autres se sont retrouvés seuls pour réaliser ces nombreuses démarches, dans un domaine qui leur étaient plutôt inconnu. Les populations n’ont également pas eu les mêmes capacités pour surmonter la catastrophe, avec une peur toujours présente au sein de la population charronnaise alors que le risque semble être devenu « ordinaire » à Aytré. Ces résultats ont été démontrés par l’analyse des entretiens qui ont été réalisés auprès de la population et confirmés à travers l’analyse juridique.
Enfin, cette dernière approche juridique a permis de mettre en évidence 3 types d’inégalités:
- (1) des inégalités juridiques, excluant certaines personnes du processus informatif ou participatif local ;
- (2) des inégalités environnementales, conduisant dans certains cas à réduire l’exposition au risque d’une partie de la population, sans réduire l’exposition d’une autre, voire en aggravant l’exposition d’autres ;
- (3) des inégalités patrimoniales, du fait d’une augmentation de la valeur de certains biens, notamment les moins exposés ou protégés du risque, ou inversement d’une dévalorisation des biens plus exposés ou déjà sinistrés.
Le projet INEGALITTO conclut que les inégalités environnementales présentes sur les littoraux étudiés peuvent être renforcées par les stratégies de gestion des risques, à court et moyen terme. Ces stratégies ainsi que le système assurantiel français (solidaire à l’échelle nationale) peuvent avoir tendance à renforcer ou du moins à favoriser le maintien d’une population aisée sur le littoral (dans le cas de la construction d’un ouvrage de défense en dur), sans pour autant résoudre le problème de l’exposition de ces populations aux aléas marins, sur le long terme. Le problème est reporté sur les générations futures: elles devront tôt ou tard décider d’une nouvelle stratégie et devront supporter les coûts pendant de nombreuses années. En revanche, une relocalisation apparaît comme une solution plus « rentable » sur le long terme, réduisant l’exposition des populations concernées et réduisant les coûts pour la société (pas d’entretien voire de rehaussement des ouvrages de défense).