À la veille de la journée mondiale de l’océan, des 10 ans de la POC et en amont des 10 ans de l’Accord de Paris, l’IDDRI, en collaboration avec la Plateforme Océan & Climat, dresse le bilan d’une décennie d’action pour l’océan, le climat et la biodiversité. Alors que ces dernières années ont été marquées par une intégration progressive et continue de l’océan dans le paysage institutionnel du climat, la publication « Integrating the ocean into the climate regime: Progress report and future prospects » vise à évaluer les efforts déployés pour intégrer l’océan dans le régime climatique, et à identifier les moyens d’intensifier l’action. 

L’article original est publié sur le site de l’IDDRI.

Intégrer l'océan dans le régime climatique : perspectives futures

Initié lors de la COP 21 en 2015, le processus de « mise à l’agenda », visant à intégrer l’Océan dans le régime de la Convention Climat (CCNUCC), a été finalisé en 2021 avec le Pacte de Glasgow. Cette étape a ouvert la voie à une contribution légitime de l’Océan aux efforts climatiques, particulièrement évidente dans les contributions déterminées au niveau national (CDN, NDCs en anglais). Toutefois, la prochaine série de CDN devant être communiquée d’ici fin 2025, il sera essentiel d’évaluer leur ambition par rapport aux objectifs climatiques, plutôt que de se contenter d’évaluer l’inclusion d’éléments liés aux océans : si l’intégration des questions marines est cruciale, une CDN dépourvue d’objectifs et de mesures de réduction d’émissions ambitieux reste inefficace.

Des pistes ont également été ouvertes dans le cadre de la Convention Climat, et des progrès sont possibles dans plusieurs points de l’ordre du jour, de l’adaptation à la recherche et au financement. Sur ce dernier point, il convient d’être prudent lorsqu’on appelle à l’intégration du « carbone bleu » dans les instruments de marché. Des travaux scientifiques récents ont mis en évidence plusieurs problèmes affectant la fiabilité de la comptabilisation du carbone dans les écosystèmes côtiers. En outre, une approche uniquement axée sur le climat et visant à maximiser les capacités d’atténuation du changement climatique par les écosystèmes marins risque d’omettre des mesures de sauvegarde cruciales nécessaires à la protection de leur diversité biologique. C’est également à la lumière de cette exigence de préservation de l’environnement marin qu’il faudra évaluer les projets actuels et futurs de captage, d’élimination et de stockage du carbone marin.

Messages clés

  • En termes d’intégration des enjeux relatifs à l’Océan, l’analyse montre que : (i) les contributions déterminées au niveau national (CDN, NDCs en anglais) varient considérablement d’un pays à l’autre ; (ii) les engagements manquent souvent de précision, sans objectifs quantifiés et sans référence aux moyens alloués pour la mise en œuvre ; (iii) les mesures d’atténuation proposées n’exploitent pas suffisamment le potentiel des océans. Alors que les Parties commencent à réviser et à mettre à jour leurs CDN, neuf à douze mois avant la COP 30 (novembre 2025, Brésil), il est crucial de rectifier le tir.
     
  • Le Dialogue Océan & Climat est devenu le principal point d’entrée pour favoriser la coopération internationale en vue de soutenir l’intégration des actions basées sur les océans à des fins d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Toutefois, beaucoup considèrent qu’il s’agit davantage d’un atelier pour les parties prenantes, avec une participation limitée des délégués. Il est donc nécessaire de le rendre plus attractif pour les négociateurs climatiques.
     
  • Lancé lors de la COP 21 en 2015, le processus de mise à l’agenda, qui vise à intégrer l’Océan dans le régime de la Convention Climat (CCNUCC), a été finalisé en 2021 avec le Pacte de Glasgow de la COP 26. Le Bilan mondial de 2023 a ouvert une nouvelle phase, et les États disposent désormais de plusieurs options pour ancrer davantage l’Océan dans les points d’ordre du jour de la CCNUCC.
     
  • Depuis la COP 21 en particulier, la société civile a joué un rôle essentiel en aidant les États à intégrer l’Océan dans le régime climatique. À la suite du Bilan mondial qui a encouragé une collaboration accrue entre les Parties et les parties prenantes non-Parties, il est impératif de soutenir l’engagement actif des acteurs non étatiques et de favoriser leur contribution aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.
     
  • Une approche uniquement axée sur le climat, visant à maximiser les capacités d’atténuation des écosystèmes marins, risque de négliger des mesures de sauvegarde cruciales nécessaires à la protection de leur diversité biologique. C’est pourquoi les projets d’élimination du dioxyde de carbone dans les océans doivent être envisagés à la lumière du principe de précaution.

Ce travail a bénéficié du soutien de la Fondation Oceano Azul. Cette publication relève de l’entière responsabilité des co-auteurs identifiés ci-dessus et de leurs organisations. Leur contenu sera discuté lors de réunions et d’ateliers dédiés au cours des prochains mois, et une version finale sera publiée d’ici la fin de l’année 2024.

Auteurs : Julien Rochette (IDDRI), Marine Lecerf (Ocean and Climate Platform), Matthieu Wemaëre (IDDRI), Loreley Picourt (Ocean and Climate Platform)