La partie australe de l’océan mondial est la plus isolée de toute activité industrielle ou anthropique. Pourtant, depuis plusieurs décennies, de nombreux observateurs rapportent des changements significatifs aussi bien des écosystèmes que des espèces qui y vivent. Ces perturbations ont été dans la majorité des cas attribuées aux conséquences de l’activité humaine qu’elles soient indirectes (augmentation de la température, modification de la saisonnalité de la banquise, conséquences du trou dans la couche d’ozone, acidification des eaux) ou directes (exploitation des ressources vivantes par les pêches). La magnitude de ces pressions varie en fonction des régions de l’océan Austral. Si l’image d’un océan peu diversifié est gravée dans l’esprit collectif, il n’en est rien comme le montre l’Atlas biogéographique de l’océan Austral (De Broyer et al., 2014) où plus de 9064 espèces ont été identifiées. Les perturbations déjà observées sont supposées altérer le fonctionnement de ces écosystèmes et des réseaux trophiques. Cela concerne la modification des habitats des espèces pélagiques et benthiques, des producteurs primaires jusqu’aux prédateurs supérieurs, des organismes côtiers aux espèces des profondeurs, de la zone subantarctique sans glace aux zones couvertes par la banquise. Un exemple connu est la modification du régime de la glace de mer autour de la péninsule Antarctique. Cependant, l’intensité de ce changement s’observe à des degrés différents autour du continent. Cette banquise est pourtant nécessaire à l’accomplissement du cycle de vie de nombreuses espèces comme le krill antarctique dont la biomasse exceptionnelle est à la base de l’alimentation de nombreux prédateurs comme les oiseaux ou les mammifères marins. Les icebergs ou la dislocation récente d’importantes plateformes glaciaires sont également connus pour avoir un impact majeur sur les communautés benthiques. Enfin, les zones subantarctiques, à la limite nord de l’océan Austral seraient les plus concernées par le réchauffement climatique. Dans ce contexte, il est important d’estimer comment la biodiversité de cet océan, habituée à des conditions extrêmes depuis près de 34 millions d’années, pourra s’adapter à ces nouvelles conditions.

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