Projet RESCCUE : Restauration écologique et contrôle de l'érosion aux Fidji

Provinces de Kadavu et de Ra – Fidji

Porteur du projet : The Pacific Community

Dates : 2015-2018

Classification

Risques

Solutions

Acteurs

Coûts

Résumé

Le développement d’activités économiques (extraction de gravier, agriculture commerciale, pêche côtière, tourisme, développement des infrastructures côtières) et la hausse des phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresses et inondations, cyclones tropicaux) exacerbent les pressions sur les écosystèmes des Fidji.

RESCCUE est un projet de cinq ans, développé dans quatre pays du Pacifique (Fidji, Polynésie française, Nouvelle-Calédonie et Vanuatu). Les activités dans les provinces de Kadavu et de Ra ont été initiées dans une perspective de gestion intégrée des côtes et de résilience au changement climatique. Le projet s’est efforcé de réduire les facteurs de stress non climatiques sur les écosystèmes afin d’accroître leur résilience ainsi que celle des communautés qui en dépendent. 

Dans les zones côtières des Fidji, les activités de RESCCUE ont renforcé le développement et la mise en œuvre de plans de gestion intégrée des écosystèmes, favorisé la restauration écologique et le contrôle de l’érosion par le biais de solutions fondées sur la nature (telles que la plantation de mangroves, la reforestation, la création de nurseries pour poissons et le développement de fermes pilotes agroforestières), ainsi que la gestion des zones marines et d’eau douce (par la plantation de vétiver et d’espèces d’arbres natives, ainsi que par des sessions de sensibilisation et l’organisation d’une formation à la surveillance biologique marine).

Actions

Le projet RESCCUE s’attache à renforcer le développement et la mise en œuvre de la gestion intégrée de la zone côtière (GIZC), en s’appuyant sur une approche participative et l’approbation des autorités locales. Les plans de GIZC fournissent une feuille de route claire sur la manière dont le développement, la gestion des ressources, les mesures de conservation et les initiatives d’atténuation et d’adaptation au changement climatique peuvent être systématiquement menés. L’approche participative permet à tous les acteurs clés, y compris les communautés locales, d’échanger et de partager leurs points de vue, activités et expériences sur la gestion des ressources côtières et naturelles.

Aux Fidji, le développement des plans provinciaux s’inscrit dans le cadre national de la GIZC, qui repose sur une approche participative avec un comité national – un comité consultatif technique auprès du Conseil National pour l’Environnement – et des comités provinciaux qui comprennent des représentants des administrations provinciales, du gouvernement, du secteur privé et des communautés. Sur la base d’un modèle de plan GIZC au niveau provincial, chaque province côtière des Fidji est appelée à élaborer un plan.

Ra était la première province de Fidji à avoir rédigé un plan de GIZC, parallèlement à la création d’un comité provincial. Le projet RESCCUE a contribué à la finalisation du projet en cours et à sa diffusion auprès de toutes les parties prenantes (c’est-à-dire les ministères, les représentants des districts et les chefs de villages). Le plan GIZC de Ra (2015-2020) a été approuvé par le Conseil provincial et le sous-comité national GIZC du Conseil national de l’environnement en septembre 2016 ; et a été officiellement lancé en août 2018.

S’appuyant sur l’expérience de Ra, RESCCUE a soutenu le développement du plan de GIZC à Kadavu (2017-2022), qui a été approuvé par le conseil provincial en septembre 2018. 

RESCCUE prévoit de mener des activités de restauration écologique et de contrôle de l’érosion par le biais de solutions fondées sur la nature (SfN), telles que la replantation de mangroves, la reforestation, les pépinières et le développement de fermes pilotes agroforestières.

En outre, le projet pilote des activités de gestion des zones marines et d’eau douce afin d’atténuer l’érosion des berges.  Ces activités consistent à planter du vétiver, des ananas et des espèces d’arbres endémiques. Elles comprennent également des sessions de sensibilisation, un exercice de cartographie et l’organisation d’une formation à la surveillance biologique marine.

La participation de la communauté et les sessions de sensibilisation et de pédagogie ont été intégrées simultanément aux activités de restauration écologique et de contrôle de l’érosion. Tout en donnant aux membres de la communauté un sentiment de réussite et d’appropriation, cela renforce également les liens transgénérationnels. Dans le même temps, les communautés locales ont renforcé leurs capacités en apprenant de nouvelles techniques de restauration, notamment la plantation d’arbres coutumiers coupe-feu dans les zones reboisées, le mélange de cultures d’espèces exotiques de grande valeur avec des espèces natives.

En novembre 2018, un atelier sur les leçons apprises fut organisé, réunissant des représentants du ministère de l’Environnement, des coordinateurs RESCCUE, des partenaires techniques (IAS USP, Wildlife Conservation Society, Fiji Environment Law Association et Conservation International) ainsi que des acteurs locaux des provinces de Kadavu et Ra (Roko Tui, autorités provinciales et agents techniques des services de la pêche et de l’agriculture). L’objectif de cet atelier était d’articuler les leçons apprises et de formuler des recommandations et d’apporter des contributions aux futurs projets.

La démarche participative a permis d’élaborer une analyse des causes profondes et de consolider les plans d’action des villages au niveau du district. Ces activités étaient essentielles pour tenir compte des connaissances, des préoccupations et des espoirs des communautés. Ce processus participatif a été développé en accord avec les protocoles culturels locaux, en respectant le leadership traditionnel et les processus de prise de décision. RESCCUE a veillé avec prudence à atteindre le consensus communautaire.

Bilan

L’augmentation de l’intérêt des membres de la communauté pour la gestion de leurs îles démontre une appropriation effective par la population locale et peut être considérée comme une clé de l’engagement à long terme des communautés locales. Tout le long du projet RESCCUE, des changements spécifiques et tangibles ont eu lieu dans les communautés de chaque province, liés à la prise de conscience et à la compréhension des lois et des politiques gouvernementales. De plus, le projet RESCCUE a permis un meilleur accès des communautés aux agences gouvernementales concernées. Dans la province de Ra, dans le cadre du processus de planification de la GIZC, l’identification de l’extraction de gravier comme facteur clé du déclin des écosystèmes d’eau douce a favorisé la réévaluation des licences. 

À Ra, la plantation de mangroves et de plantes côtières suivant une approche communautaire a été un succès majeur. Les communautés locales de Kadavu ont participé activement à la réhabilitation de leurs littoraux après que le cyclone tropical Keni ait frappé le plus durement les villages non abrités par une végétation côtière telle que les mangroves.

L’un des facteurs clés de succès avant et pendant le projet RESCCUE a été la mise en place d‘interventions tangibles, communautaires et peu coûteuses. En pratique, le projet n’a jamais eu à choisir entre des solutions fondées sur la nature et des solutions « dures ». Dans le contexte spécifique des sites pilotes du projet, le processus social qui est au cœur de la mise en œuvre des SFN semble l’emporter nettement sur une approche plus technique. La mise en œuvre de ces activités est citée par l’opérateur comme une source de motivation pour l’implication continue de la communauté, favorisant la perception que des actions peuvent être entreprises au niveau de la communauté.

Des événements météorologiques extrêmes se sont produits au cours du projet, mettant en danger les moyens de subsistance des communautés et les activités du projet. L’impact du cyclone tropical Winston sur les forêts de mangroves fut responsable d’une pénurie de plants indigènes juvéniles, les propagules de mangrove ayant été emportées par les vents violents et les vagues pendant la tempête, tandis que les arbres parents ont été endommagés ou détruits. Les semis ont dû être importés d’autres régions et les livraisons ont été retardées en raison de l’interruption des services commerciaux. Des mesures adaptatives ont été lancées pour assurer la poursuite du projet et appuyer les efforts de redressement locaux. Pour soutenir la réhabilitation des parcelles boisées communautaires endommagées, des pépinières de mangrove ont également été utilisées pour cultiver des espèces d’arbres exotiques endémiques.

Partenaires

Partenaires techniques: Pacific Community (SPC), Gouvernement des Fidji, University of the South Pacific (USP) Institute of Applied Science, Landcare Research, the Wildlife Conservation Society (WCS), Conservation International et Fiji Environmental Law Association (FELA), Bureaux du Conseil de la Province, Bureaux de l’Administration de la Province

Partenaires financiers: Pacific Community (SPC), Agence Française de Développement (AFD), Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), et autres partenaires.

Ressources