Rapport régional Sea’ties – Adapter les villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer dans le Pacifique : défis et bonnes pratiques
Du 10 au 12 juillet 2023, 55 acteurs – élus et gestionnaires locaux, scientifiques et représentants de la société civile et du secteur privé – venus de 16 pays et territoires insulaires du Pacifique se sont réunis à Nadi, aux Fidji, dans le cadre d’un atelier régional consacré à l’adaptation des villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer dans le Pacifique. Organisé par l’initiative Sea’ties portée par la Plateforme Océan & Climat, en collaboration avec le Programme régional océanien de l’environnement (PROE) et le Pacific Climate Change Center, il a bénéficié du soutien financier du Fonds Pacifique (Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères) et de l’Initiative KIWA. Dernier d’un cycle de cinq ateliers régionaux organisés entre 2021 et 2023 (Europe du Nord, Méditerranée, Côte Ouest des Etats-Unis, et Afrique de l’Ouest), ses conclusions ont été cruciales à la formulation de Recommandations Politiques pour l’adaptation des villes côtières à l’élévation du niveau de la mer de la Plateforme Océan & Climat.
S’appuyant sur les retours d’expérience collectés lors d’entretiens individuels et de l’atelier, l’initiative Sea’ties publie le rapport « Adaptation des villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer dans le Pacifique : Défis et bonnes pratiques« . Complétant l’analyse des rapports issus des ateliers précédents, ce dernier présente les défis rencontrés dans la région en matière d’adaptation et met en lumière des initiatives inspirantes pour les surmonter.
Les pays et territoires insulaires du Pacifique sont confrontés à une évolution rapide des conditions océaniques et côtières en raison du changement climatique, et sont particulièrement vulnérables à l’élévation du niveau de la mer. Dans cette région où de nombreuses îles situées en zones de faible altitude accueillent une population grandissante et de plus en plus urbaine, l’élévation du niveau de la mer est un enjeu existentiel qui nécessite des mesures d’atténuation et d’adaptation immédiates et de long-terme.
Informer les stratégies d’adaptation côtière avec des ressources limitées
Les mesures d’adaptation véritablement informées se heurtent à d’importantes lacunes en matière de connaissances. De nombreuses initiatives répondent à ce manque de données locales, comme la société spécialisée en géodonnées Fugro, qui a déployé la technologie LiDAR et des outils de visualisation pour informer le plan d’adaptation côtière de Tuvalu. Parallèlement, il est essentiel de davantage soutenir les capacités de recherche locales et dans des champs de recherche variés est crucial. Cela suppose notamment de reconnaître et mobiliser de façon appropriée les connaissances autochtones et locales. Dans cette optique, le projet de recherche PACPATH rassemble une multitude d’acteurs, dont les chefs traditionnels, pour cartographier de manière exhaustive les vulnérabilités. L’Observatoire du littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC), chargé de surveiller les dynamiques du trait de côte, s’appuie, quant à lui, sur des sciences participatives impliquant autorités locales, ONG et écoles.
Par ailleurs des efforts supplémentaires doivent être consenties au suivi, à l’évaluation et à l’échange de connaissances et au retour d’expériences afin d’accélérer la production et l’assimilation des connaissances, et ainsi d’éviter de répéter les mêmes erreurs. Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) reflètent particulièrement ce besoin. Malgré leur utilisation historique et leur popularité grandissante dans la région, leur efficacité et durabilité souffrent d’un manque de suivi. Pour cette raison, le projet ADAPTOM a développé une cartographie et une analyse des conditions favorables, du potentiel et des externalités des SfN dans la région.
Coordonner l’adaptation menée au niveau locale à l’échelle régionale
Les projets d’adaptation dans le Pacifique sont souvent pilotés par des acteurs non-issus de la région et ne s’appuient pas suffisamment sur les populations locales et leurs besoins. Une adaptation menée au niveau local est pourtant mieux à même d’apporter des réponses à long terme qui reflètent les pratiques et les systèmes traditionnels. Pour assurer la prise en compte des besoins des populations, la République des Îles Marshall a mené des consultations approfondies avec les communautés côtières qui ont pu exprimer leurs préférences dans le cadre du plan national d’adaptation. L’adaptation menée au niveau local implique de renforcer les capacités et le pouvoir décisionnel des autorités nationales et locales, des communautés ainsi que des agents de changement clés, à l’image des femmes. Par exemple, les Fidji ont mis en place un fonds fiduciaire pour soutenir la relocalisation due au changement climatique des communautés.
Favoriser la coopération entre les localités et les îles demeure cependant crucial. Il s’agit à la fois d’éviter les transferts d’impacts, mais également d’élargir le champ de solutions envisageables. Ceci est d’autant plus vrai dans le contexte des îles du Pacifique où l’espace est limité. Ainsi, bien que le plan d’adaptation à long terme de Tuvalu (L-TAP) concentre ses efforts sur la surélévation de l’île principale, il est aussi conçu comme un plan national capable d’assurer la relocalisation des personnes et des infrastructures pour l’ensemble du pays.
Planifier l’adaptation à long terme
Confrontés à des événements extrêmes récurrents tels que les cyclones tropicaux, les villes et les territoires du Pacifique sont souvent contraints d’agir dans l’urgence ou en réaction à un choc plutôt qu’en prévention du risque.
L’élaboration de stratégies d’adaptation à long terme implique une approche dynamique dans laquelle les réponses sont échelonnées dans le temps et l’espace et peuvent évoluer en fonction des changements environnementaux et sociétaux. Conformément à cette approche, le conseil du district de Thames Coromandel, en Nouvelle-Zélande, a développé 138 trajectoires d’adaptation côtière répondant aussi bien à des enjeux de court terme que de long terme. De même, le Pacific Region Infrastructure Facility a développé un ensemble de lignes directrices pour encourager le déploiement de trajectoires d’adaptation dynamiques pour les infrastructures.
L’adaptation fondée sur les écosystèmes (EbA) est une approche à faible risque qui peut facilement s’intégrer dans une logique de planification dynamique. C’est pourquoi, le projet régional PEBACC+ soutient son développement et son institutionnalisation.
Consultez le rapport complet en cliquant sur l’image ci-dessous