Rapport régional Sea'ties

Adapter les villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer dans les Caraïbes : défis et bonnes pratiques

Du 23 au 25 octobre 2024, 44 participants issus de 12 pays et territoires des Caraïbes se sont réunis à l’occasion de l’atelier Sea’ties « Adapter les villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer dans les Caraïbes » accueillie par la ville de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Organisé par la Plateforme Océan & Climat en collaboration avec l’Office français de la biodiversité et avec le soutien du Gouvernement de Monaco, de la Fondation de France et de Coastal Quest, cet atelier a favorisé les échanges entre acteurs sur les défis liés à l’adaptation à l’élévation du niveau marin dans la région. Les discussions ont porté sur le renforcement de la résilience côtière à long terme, l’amélioration des connaissances opérationnelles et l’optimisation des mécanismes de financement.

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Sur la base des retours d’expériences évoqués au cours d’entretiens préliminaires et de l’atelier, l’initiative Sea’ties avec le soutien de la ville de Pointe-à-Pitre, publie le rapport Adapter les Villes et Territoires Côtiers à l’Élévation du Niveau de la Mer dans les Caraïbes : Défis et Bonnes Pratiques. Ce rapport propose une synthèse des obstacles actuels à la lumière de multiples exemples de bonnes pratiques contribuant à l’adaptation durable des villes côtières dans la région.

Les villes et pays caribéens font en effet face à des risques majeurs liés à l’élévation du niveau de la mer – avec des projections estimant une hausse pouvant atteindre un mètre d’ici la fin du siècle – tout en étant exposés à un stress climatique chronique. Les communautés, les infrastructures essentielles et les économies locales sont menacées, rendant indispensable l’élaboration de stratégies d’adaptation globales, inclusives et transformatrices. 

Renforcer la résilience côtière à long terme face au stress climatique chronique

Les villes et territoires côtiers des Caraïbes doivent composer avec des défis climatiques et de développement complexes, qui tendent à reléguer au second plan la nécessité de l’adaptation. Il est pourtant essentiel d’anticiper à la fois les chocs soudains, tels que les cyclones tropicaux, et les évolutions progressives comme l’élévation du niveau de la mer. En combinant réduction des risques de catastrophes et stratégies d’adaptation, les villes peuvent faire face à ces défis.

Planifier de manière proactive des stratégies à long terme nécessite d’articuler des mesures transformatives – telles que la relocalisation et le relogement des populations exposées aux risques – avec des politiques transitoires, en favorisant les écosystèmes et l’inclusion des communautés. À titre d’exemple, à Petit-Bourg, en Guadeloupe, près de 40 familles vivant en zones à haut risque ont déjà été relogées avec succès. Les solutions fondées sur la nature, comme celles développées dans le cadre du projet JA-RIV, permettent d’accroître la flexibilité et l’efficacité des efforts d’adaptation. Ces exemples illustrent l’importance de l’implication des communautés locales dans les processus décisionnels pour renforcer la confiance entre les acteurs, favoriser l’appropriation des solutions et garantir des résultats durables.

Améliorer les connaissances opérationnelles et renforcer les capacités d’adaptation

Une prise de décision éclairée par les connaissances scientifiques et locales est la clé d’une action efficace. Pour cela, les villes caribéennes ont besoin de disposer de données robustes et localisées afin de mieux comprendre leurs vulnérabilités et d’élaborer des plans d’adaptation sur-mesure et dynamiques. À ce titre, le renforcement des capacités d’observation locale, comme le propose l’Observatoire de la Dynamique du Littoral Martiniquais (OLIMAR), et le développement de partenariats pluridisciplinaires, locaux et régionaux, qui associent les villes, les universités et les ONG, sont essentiels pour combler les lacunes en matière de connaissances et proposer des solutions adaptées. C’est notamment ce que propose CaribCoast. Enfin, la traduction des données scientifiques complexes en informations exploitables est essentielle pour permettre aux acteurs de s’en saisir pour informer la prise de décision.

Financer l’adaptation des villes côtières

Les budgets nationaux limités, la complexité des procédures de financements internationaux et l’accès insuffisant à des sources de financement alternatives constituent des obstacles majeurs à l’adaptation des villes côtières caribéennes. L’intégration de l’adaptation côtière comme priorité dans les plans de développement plus larges des villes et des Etats, ainsi que la mobilisation de sources de financement diversifiées, comme le met en œuvre le projet MAR+Invest, permettent aux villes et aux pays d’obtenir des ressources supplémentaires nécessaires pour relever les défis d’adaptation. Il est également crucial de renforcer les capacités financières aux niveaux local et national pour améliorer l’accès aux mécanismes de financement existants. Des approches de financement inclusives, favorisant les initiatives portées par les communautés et les associations locales sont essentielles pour garantir des résultats équitables. Dans ce sens, les systèmes de microassurance comme la politique de protection des moyens de subsistance développée par la CCRIF, peuvent jouer un rôle clé dans la protection des populations vulnérables contre les risques résiduels.