Rapport Régional Sea’ties – Adapter les Villes et Territoires Côtiers à l’Elévation du Niveau de la Mer en Afrique de l’Ouest : Défis et Bonnes Pratiques

 

Le 05 octobre 2022, l’initiative Sea’ties avec le soutien du Centre de Suivi Ecologique (CSE) organisait à Dakar au Sénégal l’atelier régional Adapter les villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer en Afrique de l’Ouest. Quatrième d’une  série de cinq ateliers régionaux (Europe du Nord, Méditerranée, côte ouest des Etats-Unis, Afrique de l’Ouest et Pacifique), il a réunit une soixantaine de parties prenantes issues de gouvernements, d’organisations de la société civile, du monde académique ou encore d’agences de développement, au cours duquel elles ont échangé sur leurs besoins et pratiques face aux défis communs de l’adaptation du littoral. 

Sur la base des retours d’expériences évoqués au cours d’entretiens préliminaires et de l’atelier, l’initiative Sea’ties avec le soutien du CSE publient le rapport Adapter les Villes et Territoires Côtiers à l’Élévation du Niveau de la Mer en Afrique de l’Ouest, Défis et Bonnes Pratiques. Ce rapport propose une synthèse des obstacles actuels à la lumière de multiples exemples de bonnes pratiques contribuant à l’adaptation durable des villes côtières dans la région. 

Renforcer et partager la connaissance du littoral ouest-africain pour informer l’adaptation 

L’adaptation des villes côtières d’Afrique de l’Ouest est complexifiée par un haut niveau d’incertitude en partie lié à l’insuffisance de données et d’analyses à l’échelle locale et régionale. L’accroissement, la standardisation et la diversification des données et des analyses est donc primordial pour une compréhension intégrée des dynamiques côtières. C’est notamment l’objectif de projets tels que OSS Saint Louis qui explore le potentiel de l’imagerie satellitaire ou encore du programme ENGULF qui vise à améliorer l’intégration du risque de subsidence dans l’analyse des risques et vulnérabilités dans les villes du Golfe de Guinée. Si la hausse des investissements en faveur du renforcement des capacités de recherche est indispensable, la mutualisation des capacités et la simplification de certains protocoles de recherche peuvent pallier le manque de ressources tout en améliorant la compréhension des risques et vulnérabilités. Des réseaux d’observation transfrontaliers à l’image de l’ORLOA, le développement de plateformes d’open data ou encore le déploiement de programmes de recherche et d’observation participatifs sont des pistes de plus en plus explorées dans la région pour améliorer le niveau de connaissance tout en améliorant son appropriation par les décideurs, les investisseurs et les communautés. 

Promouvoir une gouvernance intégrée et territorialisée du littoral 

La forte interdépendance des littoraux et rétro-littoraux d’Afrique de l’Ouest, tant du point de vue écologique, démographique, que socio-économique souligne la nécessité de mieux coordonner la gestion du littoral. Face à ce constat, et dans un souci de renforcer leurs capacités, de nombreuses communes d’Afrique de l’Ouest se rejoignent au sein de réseaux tels que celui des 29 communes pour une gestion concertée du littoral de la Côte d’Ivoire (ReCol-CI), le Réseau des Parlementaires pour l’Environnement au Sénégal (REPES), mais aussi au niveau régional avec l’Alliance des parlementaires et élus locaux pour la protection de l’environnement dans les pays du littoral ouest-africain (APPEL). Cette approche concertée est d’autant plus nécessaire alors que les projets d’adaptation concernent une zone géographique dépassant les frontières administratives des municipalités. Au Sénégal, la relocalisation des populations de la Langue de Barbarie à Saint-Louis vers la commune voisine de Gandon a ainsi encouragé les municipalités à se regrouper au sein de l’Association des Collectivités Territoriales de Saint-Louis (ACT-SL)

 

Enfin, la participation systématique de groupes non-étatiques et des autorités de droit coutumier est cruciale afin de composer avec les dynamiques de pouvoir qui influencent l’aménagement des villes. Au Sénégal, le Programme EIPC-GIZC montre l’intérêt de s’appuyer et de capitaliser sur l’expérience du tissu associatif pour encourager la participation citoyenne au processus d’adaptation. La commune de Yoff à Dakar au Sénégal, s’est quant à elle appuyée sur les traditionnels conseils de quartiers et a formé des comités de jeunes et d’aînés pour mobiliser les habitants dans la co-conception et l’installation d’ouvrages de protection. 

 

Accroître le financement de stratégies d’adaptation durables pour les villes côtières

Les villes côtières d’Afrique de l’Ouest ont insuffisamment accès aux financements nécessaires pour s’adapter, qu’il s’agisse de subventions ou prêts internationaux, de ressources redistribuées par les États ou d’investissements privés. L’implication des municipalités dans la conduite technique et financière des politiques d’adaptation est pourtant une des garanties de la prise en compte des enjeux locaux. Les gouvernements centraux, les ministères concernés et les bailleurs internationaux  doivent accompagner les villes dans la conception d’une ingénierie financière locale capable de dépasser la logique de financement sur projet de court terme. Certaines facilités de financement telles que CICLIA accompagnent ainsi les autorités locales dans la phase de préparation mais aussi de mise en œuvre de projets climatiques. Un ensemble d’acteurs économiques tels que les banques et agences locales de développement, les chambres de commerce et d’industrie ont également un rôle à jouer dans la structuration des projets des villes et ainsi favoriser une approche intégrée du financement de l’adaptation. 

 

Consultez le rapport complet en cliquant sur l’image ci-dessous.