Solidarité territoriale et résilience à la submersion marine (SOLTER)

Syndicat Mixte du SCoT (communes de Vendres, Valras-Plage, Sérignan, Portiragnes, Vias, Cap d’Agde) – France
Dates : 2012-2015
Porteurs du projet: Ministère de la transition écologique, Gestion durable du Littoral (Liteau), Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire
Classification
Risques


Solutions



Acteurs





Coûts

Résumé
« L’accroissement des risques de submersion marine conduit à préconiser des mesures d’adaptation réduisant la vulnérabilité des enjeux exposés, notamment via la relocalisation des activités et des biens » (MEDDTL, 2012, Stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte. Vers la relocalisation des activités et des biens, Rapport, 20p). Dans ce contexte, le programme de recherche-action SOLTER vient apporter sa pierre à l’édifice de la mise en œuvre, de l’acceptabilité des relocalisations ainsi que des mesures d’adaptation au changement climatique face aux risques liés à l’élévation du niveau de la mer. Via ce programme partenarial pluridisciplinaire, il s’agit d’explorer et proposer des pistes d’amélioration de résilience des territoires vulnérables, notamment sur la côte sableuse languedocienne.
Le programme de recherche SOLTER a été mené sur le site pilote du Syndicat Mixte du SCoT du Biterrois qui comprend 87 communes dont six communes littorales sur lesquelles une zone dite Arc Rétro-Littoral a été définie. Plusieurs objectifs structurants ont été associés à la définition de cet Arc :
- Définir un maillage où s’appliquent des choix d’aménagement allant vers une bonne intégration des caractéristiques écologiques, paysagères et environnementales du territoire.
- Contribuer à l’évolution qualitative de l’économie touristique et à l’attractivité durable du territoire.
- Permettre la définition d’une stratégie de protection adaptée du littoral visant à anticiper les mesures de repli stratégique.
Actions
Le programme de recherche-action SOLTER se concentre sur les problématiques d’acceptabilité des relocalisations et des mesures d’adaptation au changement climatique face aux risques liés à l’élévation du niveau de la mer. Via ce programme partenarial pluridisciplinaire, il s’agit d’explorer et proposer des pistes d’amélioration de résilience des territoires vulnérables, notamment sur la côte sableuse languedocienne. Dans le cadre de ce programme pluridisciplinaire, plusieurs aspects ont été étudiés : les échelles de solidarités territoriales, l’évolution des risques de submersion, la fréquentation des plages, les perceptions et les préférences des habitants, notamment quant aux modalités de mise en œuvre et aux conditions d’équité et de justice.
Une analyse des solidarités territoriales a été menée, associant deux approches : (i) la solidarité perçue (enquête) et effective (économie expérimentale) des habitants (solidarité individuelle) et (ii) la solidarité collective entre les communes
Une enquête sur les préférences des modalités de relocalisation a également été conduite. L’enquête a permis de hiérarchiser et d’évaluer les préférences relatives aux modalités de mise en œuvre des relocalisations. Il s’agit d’évaluer le consentement à payer de la part des enquêtés pour des scénarios de relocalisation combinant différents attributs (ex. modalités de concertation, période de mise en œuvre de la politique de relocalisation, taille de la zone concernée et coût supplémentaire).
Par le biais d’une démarche de prospective participative, des outils financiers et/ou réglementaires ont été testés auprès des acteurs afin d’étudier l’appropriation des outils et les mesures pouvant faciliter la relocalisation à long terme.
Enfin, un dispositif d’évaluation de la fréquentation des plages a été développé pour permettre l’analyse en continu des comportements. Il est particulièrement utile à la région puisque le tourisme littoral représente près de 60% du tourisme global en Méditerranée. L’évaluation des comportements des usagers des plages est une importante source d’information pour les aménageurs, fournissant des données quantitatives pour le développement de plans stratégiques d’aménagement et pour le développement soutenable du tourisme.
Le projet SOLTER propose un protocole innovant de mise en œuvre des relocalisations fondé sur une approche intégrée et territoriale (environnement institutionnel, outils d’aménagement, appui ingénierie, portage politique, sources de financement etc.).
Un zonage spatial et temporel en fonction de la progressivité des risques a été déterminé. Lors de l’élaboration du SCoT une zone dite Arc Rétro-Littoral a été définie entre les six communes littorales visant à définir de façon opérationnelle un maillage vert et bleu du littoral ainsi qu’une stratégie de protection adaptée du littoral visant à anticiper les mesures de repli stratégique de l’urbanisation.
Ce protocole inscrit la relocalisation dans le long terme et de façon dynamique en proposant à partir des prévisions de l’évolution des aléas de distinguer plusieurs sous-zones, en fonction de leur exposition dans le temps (20, 40 et 60 ans).
Le protocole propose ainsi des mécanismes d’indemnisation innovants assortis d’un usage temporaire pour les habitants ou activités de façon (i) à réduire la charge des acquisitions (ii) à proposer une approche progressive facilitant l’adhésion des populations. Les dispositifs proposés ont été les suivants : démembrement de propriété, concessions d’occupation temporaire, acquisition de la nue-propriété, usufruit à durée fixe, délivrance de concessions d’occupation temporaire pour les particuliers et les promoteurs, indemnisation d’une partie de la valeur, les propriétaires peuvent occuper les biens gratuitement jusqu’à l’échéance, les occupants payent une redevance qui contribue au remboursement des frais d’acquisition des biens.
La planification de l’opération est conçue à partir d’une cartographie de l’évolution de l’exposition. Les conventions d’usufruit et d’AOT devront contenir une clause spécifique « de sauvegarde », pour que les biens soient démolis à partir d’un degré d’endommagement, ou de la durée restante avant l’échéance. Dans ce cas, les indemnisations pourraient être financées en partie par les indemnités d’assurance sous réserve que la réglementation n’oblige plus à reconstruire les biens à l’identique.
Après des réunions préparatoires avec les communes et un atelier diagnostic pour cartographier les enjeux prioritaires et identifier les atouts et contraintes du territoire, un atelier sur l’adaptation au changement climatique a été réalisé en mai 2015 à l’échelle des six communes littorales du SCoT du Biterrois. Ces ateliers ont réuni services de l’état, autorités régionales ou locales, représentants de la société civile, acteurs économiques.
Bilan
Les discussions ont fait apparaître quelques principes devant régir l’adaptation du territoire :
- Densifier et restructurer l’accueil sur les communes rétro-littorales
- Mener une politique de relocalisation de proximité avec des zones de replis pas trop éloignées du littoral (5 km max) ou d’un aménagement structurant
- Avoir une mobilité bien pensée pour faciliter l’accès à la mer en diversifiant les modes d’accès (voiture, navette électrique, petit train, vélo, fluvial…)
- Mettre en place des aménagements ludiques en mer pour diversifier les produits et accroître l’attractivité
- Prendre en compte le déclin de l’intérêt pour les résidences secondaires (besoins de mobilité, lien à la propriété et fiscalité)
- Réfléchir à des modalités d’adaptation pour vivre avec le risque
- Inventer de nouvelles formes architecturales résilientes et mobiles
Le projet SOLTER propose un protocole innovant de mise en œuvre des relocalisations fondé sur une approche intégrée et territoriale (environnement institutionnel, outils d’aménagement, appui ingénierie, portage politique, sources de financement etc.). Ce protocole inscrit la relocalisation dans le long terme et de façon dynamique en proposant à partir des prévisions de l’évolution des aléas de distinguer plusieurs sous-zones, en fonction de leur exposition dans le temps (20, 40 et 60 ans).
Le protocole proposé de mise en œuvre des relocalisations repose sur plusieurs principes d’action :
- L’exigence de penser de façon conjointe à l’échelle d’un territoire des actions de protection, de mitigation et de relocalisation pour les secteurs particulièrement vulnérables.
- Le besoin de définir l’échéance à partir de laquelle l’exposition au risque sera socialement non supportable (en termes de sécurité des personnes et de récurrence des dommages) et de s’appuyer sur la cartographie des aléas pour délimiter les zones exposées en fonction du temps.
- L’impératif de penser la mise en œuvre de façon progressive en intégrant un important volet de concertation et de sensibilisation, et en définissant de nouvelles formes d’occupation temporaire.
- Le besoin d’identifier des sources de financement et de raisonner selon une logique économique, en termes de recettes et de coûts évités, pour justifier l’intérêt collectif de ces opérations.
- La nécessité d’un portage politique fort et durable, accompagné de la définition d’une gouvernance adaptée à ces programmes de très long terme.
Partenaires
Partenaires techniques: SCoT du Biterrois, DREAL, ART Dev, CNRS, EID Méditerranée, INEA, IRSTEA, BRGM, CEARC, Département de l’Hérault, LAMETA, Syndicat Mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard
Ressources
Programme Liteau : https://www.ecologie.gouv.fr/gestion-durable-du-littoral
Présentation du projet SOLTER : http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/programme-de-recherche-action-solter-a22954.html
Rapport du projet SOLTER : http://www.euccfrance.fr/images/Pdf/rapport_SOLTER_final.pdf