Dans la perspective de la COP26 de la CCNUCC, les Parties de l’Accord de Paris poursuivent leurs efforts dans la course vers zéro émission en soumettant leur Contribution Déterminée au Niveau National (CDN). Là encore, l’océan a un rôle à jouer. Ce premier cycle de révision des CDN offre aux Etats Parties l’opportunité d’utiliser davantage les Solutions Fondées sur la Nature (NbS) marines et côtières dans leur stratégie nationale. La Plateforme Océan & Climat et ses partenaires internationaux (1) ont examiné les soumissions de chacune des Etats Parties (2) afin d’évaluer comment et dans quelle mesure elles ont intégré les NbS côtières et marines dans le cadre de leurs stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Les principales conclusions ont été analysées et regroupées au sein du présent policy brief.
Le cycle de révision des Contributions Déterminées au Niveau National de l’Accord de Paris
Dans le cadre de l’Accord de Paris de la Convention Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC), chaque Etat Partie doit soumettre tous les cinq ans une version révisée ou nouvelle de sa Contribution Déterminée au Niveau National (CDN), alors soumise à un processus de relecture visant à garantir le rehaussement des ambitions. Les CDN sont au cœur de l’Accord de Paris et permettent aux gouvernements d’avoir la flexibilité nécessaire pour détailler et soumettre des plans au niveau national qui répondent aux enjeux du changement climatique en fonction du contexte, de la capacité et de la flexibilité des Etats.
Communiquées tous les cinq ans, les CDN démontrent périodiquement les intentions d’atténuation et d’adaptation des Parties, tout en décrivant comment elles seront réalisées. Suivant les soumissions initiales des CDN (en amont et pendant la COP21 de la CCNUCC en 2015), la première révision des CDN a débuté neuf mois avant la COP (Mars 2020). Compte-tenu de la pandémie mondiale de COVID-19, les Parties de l’Accord de Paris ont bénéficié d’un délai additionnel pour soumettre leur version nouvelle ou révisée des CDN en amont de la COP26 (Novembre 2021).
Une inclusion grandissante des Solutions Fondées sur la Nature marines et côtières dans les stratégies climatiques
Le premier cycle de révision des CDN offre la possibilité aux Parties de davantage mobiliser les Solutions Fondées sur la Nature (NbS) côtières et marines dans leur stratégie nationale. Solutions polyvalentes et rentables (3), les NbS côtières et marines offrent des opportunités importantes en termes d’atténuation, d’adaptation et de résilience climatique pour les sociétés et la nature. Grâce à la conservation, la restauration et la gestion durable des écosystèmes côtiers et marins, elles ont le potentiel de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, tout en générant de multiples bénéfices socio-économiques et environnementaux.
A titre d’exemple, des écosystèmes de “carbone bleu” (mangroves, marais salant, herbiers marins) sont particulièrement efficaces dans l’atténuation du changement climatique grâce à leur grande capacité de séquestration et stockage du CO2 (4). Par conséquent, la protection, la restauration et la conservation des écosystèmes de carbone bleu constituent des NbS côtières et marines très efficaces dans la réduction des émissions, tout en apportant un panel de bénéfices aux populations pour s’adapter et devenir plus résilientes à un climat changeant.
Une analyse des NbS côtières et marines dans les versions nouvelles ou révisées des CDN
Dans un contexte d’attention croissante pour les mesures fondées sur l’océan dans les stratégies et actions climatiques au cours de ces 6 dernières années, la présente note analyse dans quelle mesure les Etats signataires de l’Accord de Paris ont réhaussé, inchangé ou diminué leurs ambitions grâce à l’inclusion des NbS marines et côtières dans leurs mesures d’atténuation et/ou d’adaptation de leur CDN révisée ou nouvelle. Cette note détaille également la façon dont les pays ont inclus les co-bénéfices d’adaptation et d’atténuation de ces NbS, ainsi que les conditions de mise en œuvre de ces solutions (renforcement des capacités, connaissances autochtones et locales, finance, suivi).
En juin 2021 (5), dans le cadre du premier cycle de révision, 63 pays avaient déjà soumis leur CDN nouvelle ou révisée. Les résultats préliminaires montrent que, parmi ceux-ci, 33 ont inclus les NbS côtières et marines dans leur CDN nouvelle ou révisée. La Plateforme Océan & Climat et ses partenaires partagent dans leur note préliminaire des exemples clés d’actions menées par ces 33 pays, encourageant ainsi les gouvernements à intégrer davantage les NbS côtières et marines dans leurs CDN en amont de la COP26 de la CCNUCC.
(1) Cette analyse a été co-rédigée par la Plateforme Océan & Climat, l’UICN et Conservation International. L’équipe de rédaction a été soutenue et l’analyse révisée par Rare, WWF, GIZ et The Nature Conservancy.
(2) L’analyse présentée dans ce dossier porte sur les nouvelles CDN et celles qui ont été mises à jour.
(3) IUCN (2020). Global Standard for Nature-based Solutions. A user-friendly framework for the verification, design and scaling up of NbS.
(4) The Blue Carbon Initiative (2021). Guidelines for Blue Carbon and Nationally Determined Contributions, disponible ici : https://www.thebluecarboninitiative.org/policy-guidance
(5) Cette note suit un processus de publication en deux temps: 1) la présente note provisoire publiée à la suite des inter-sessions de la CCNUCC (Juin 2021) qui revoit les versions nouvelles ou révisées des CDN soumises jusqu’au 8 juin 2021, et 2) le rapport final qui sera publié en amont de la COP26 de la CCNUCC (Novembre 2021) incluant une relecture de toutes les CND nouvelles et révisées soumises dans le cadre du premier cycle de révision des CDN.