Rapport Régional Sea’ties – Adapter les Villes et Territoires Côtiers à l’Elévation du Niveau de la Mer en Méditerranée, Défis et Bonnes Pratiques

Le 26 avril 2022, l’initiative Sea’ties avec le soutien de la Ville de Marseille et du Plan Bleu, organisaient l’atelier régional Adapter les villes et territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer en Méditerranée. Deuxième d’une série de cinq (Europe du Nord, côte ouest des Etats-Unis, Afrique de l’Ouest, Pacifique), cet atelier a réuni plus de 40 experts et acteurs clés de l’adaptation dans la région afin de partager, connecter et discuter des pratiques actuelles et des défis communs. 

Sur la base des retours d’expériences évoqués au cours d’entretiens préliminaires et de l’atelier, l’initiative Sea’ties avec le soutien de la Ville de Marseille, du Plan Bleu et du MedECC publient le rapport Adapter les Villes et Territoires Côtiers à l’Élévation du Niveau de la Mer en Méditerranée, Défis et Bonnes Pratiques. Ce rapport propose une synthèse des obstacles actuels et recense de multiples bonnes pratiques contribuant à l’adaptation durable des villes côtières et de leurs territoires dans la région. 

Renforcer la résilience collective en élargissant et en consolidant la coopération territoriale autour de l’adaptation 

Les villes méditerranéennes disposent de leviers essentiels à l’élaboration de stratégies d’adaptation ambitieuses et durables. Parmi ceux-ci figurent des cadres régionaux de gouvernance et de coopération, des réseaux innovants de villes tels que MedCities, ainsi que des pôles d’expertise scientifique sur la gestion côtière. Toutefois, le développement socio-économique est souvent considéré comme un axe prioritaire de l’action politique alors que la question de l’élévation du niveau de la mer est rarement abordée dans les orientations stratégiques régionales. En plus de renforcer la coordination des stratégies environnementales et de développement, il paraît nécessaire de développer des instruments spécifiques sur les enjeux d’élévation du niveau de la mer. Parallèlement, les initiatives à dimension régionale qui encouragent la diffusion des connaissances et la coopération scientifique, comme le projet SCORE EU, ont le potentiel de pallier les disparités régionales et de renforcer la résilience collective face au changement climatique. Des initiatives telles que l’Observatoire méditerranéen de l’environnement et du développement durable, la plateforme de partage d’expériences AdriAdapt et le programme de formation MeliMed contribuent ainsi à promouvoir une meilleure prise en compte de la science par les décideurs.

Cette coopération entre les pays méditerranéens complète une approche locale intégrée, à même de répondre aux spécificités territoriales et de promouvoir des stratégies plus cohérentes. En effet, les villes ne peuvent pas agir de façon isolée dans la mesure où elles sont interconnectées à travers leur environnement, leurs institutions, leurs activités socio-économiques et leurs infrastructures. Ce défi est particulièrement visible dans le cas de la mobilité côtière, comme en témoigne le retrait stratégique de la route côtière qui lie Koper à Izola puisque celui-ci a exigé une coopération active entre les deux municipalités. En outre, l’élargissement de l’échelle géographique de l’action aux villes voisines et au rétro-littoral est l’occasion de promouvoir la solidarité entre territoires tout en renforçant leurs capacités. A ce titre, des plateformes en ligne telles que monlittoral.fr participent à un meilleur partage de connaissances et d’expériences.

Préparer la transformation des zones côtières méditerranéennes sur le court, moyen et long termes

Déjà confrontées à une érosion accélérée, les villes méditerranéennes ont tendance à réagir de manière réactive et à privilégier les mesures de protection. Or, les réponses d’urgence ne sont pas toujours adaptées aux enjeux de long terme. La ville de Bizerte rencontre notamment des difficultés à déployer des réponses d’urgence en adéquation avec les risques futurs liés à l’élévation du niveau de la mer. A ce titre, concevoir des trajectoires d’adaptation est essentiel afin de faciliter et d’améliorer l’articulation entre réponses immédiates aux menaces actuelles et stratégies d’adaptation de long terme. Dans cette optique, la recherche, les expériences et les instruments utilisés dans la réduction des risques de catastrophe et la gestion du littoral peuvent créer dans le présent les conditions d’une adaptation future. Par exemple, le projet SAVEMEDCOAST-2 associe la recherche sur les événements extrêmes aux projections de l’élévation du niveau de la mer afin d’informer les villes sur les options de court et de long terme pour y répondre. Toutefois, il s’agit de considérer les actions à court terme comme des phases transitoires vers des changements transformationnels. En effet, le cas du lido entre Sète et Marseillan démontre que dans certains cas, préparer la relocalisation d’activités et d’infrastructures est inévitable. 

Focus sur le secteur du tourisme

L’enjeu de l’adaptation du secteur touristique est particulièrement significatif pour la région, et sa planification suppose des transformations importantes. Largement dépendant des espaces côtiers, certaines études prévoient une baisse substantielle des visites touristiques à mesure que les plages rétrécissent. Pour faciliter la transition de ce secteur, promouvoir davantage de diversité et de mobilité de l’offre touristique sont des clés essentielles. Parallèlement, associer les rétro-littoraux et une diversité d’acteurs (par exemple, les habitants, les touristes, les travailleurs saisonniers et les entreprises, les promoteurs immobiliers) est crucial à une meilleure acceptation et une plus grande durabilité de ces transformations. De même, cela peut constituer un moment de création d’opportunités environnementales et socio-économiques, grâce auxquelles les expériences touristiques peuvent être améliorées et diversifiées, alors que les particularités et identités locales sont mieux valorisées et préservées.

Consultez le rapport complet en cliquant sur l’image ci-dessous.