En 1992, au Sommet de la Terre de Rio, les Etats ont simultanément adopté la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique (CDB). Si les deux conventions ont un fort potentiel de complémentarité, les mécanismes de coopération restent faibles et insuffisants. Près de 30 ans plus tard, alors que nous sommes passés d’un contexte d’après Guerre Froide à celui d’une pandémie mondiale, l’état de l’environnement demeure alarmant. “Faire la paix avec la nature est la tâche déterminante du 21ème siècle” (Antonio Guterres), et requiert des efforts accrus pour atteindre les objectifs environnementaux mondiaux afin de protéger notre Planète Bleue. La nature transnationale des crises du climat et de la biodiversité appelle à une coopération renouvelée entre les Etats et les secteurs: ainsi, une tendance à supprimer les silos a émergé. Construire des synergies entre les régimes climatique et de biodiversité sera décisif dans le développement d’une gouvernance holistique et efficace. De plus, l’océan a un rôle crucial à jouer dans cette réconciliation climat-biodiversité. En effet, l’océan est non seulement au cœur du système climatique mondial, il est également le plus grand écosystème sur Terre. Alors qu’il est à la croisée de l’ensemble des défis auxquels fait face l’humanité aujourd’hui, l’océan offre des solutions puissantes et inexploitées pour le monde durable que nous devons construire.
La Plateforme Océan & Climat publie donc un Policy Brief explorant des options pour construire des synergies entre la CDB et la CCNUCC pour une gouvernance océan-climat-biodiversité plus intégrée. En plongeant au cœur de ces Conventions, ce Brief identifie quatre points d’entrée possibles à travers la science, le politique, l’action et la finance visant à passer de la parole aux actes pour stimuler la coopération permettant de relever les grands défis de notre temps.
- Science: Les scientifiques doivent continuer à informer la prise de décision, incitant les décideurs à davantage envisager les interactions entre l’océan, le climat et la biodiversité. Les organes intergouvernementaux à l’interface entre science et politique (GIEC et IPBES) ont un rôle clé à jouer en renforçant leur coopération. De même, une plus grande collaboration entre les organes subsidiaires des Conventions (c’est-à-dire les SBSTA et SBSTTA) est une autre voie à suivre pour renforcer les synergies entre la CDB et la CCNUCC.
- Politique: Les décideurs politiques doivent travailler à davantage de cohérence entre les stratégies pour l’océan, le climat et la biodiversité. Une coordination entre les engagements nationaux (NDCs et NBSAPs) est l’occasion d’aligner les ambitions sur des objectifs à la fois en faveur du climat et neutres, voire positifs pour la biodiversité. Au niveau global, les organes de gouvernance (c’est-à-dire les COP) et leurs présidences respectives, ainsi que les secrétariats des conventions, offrent des possibilités de communication et de coopération supplémentaires
- Action: Les acteurs non-étatiques sont les moteurs du changement et d’une ambition accrue. Créer des ponts entre les communautés d’acteurs non-étatiques du climat et de la biodiversité, y compris entre les deux agendas de l’action (c’est-à-dire l’Agenda global de l’action climatique et le Programme d’action pour les populations et la nature) pourrait redynamiser la manière dont la société civile se mobilisent et influencent les décideurs pour lutter contre les crises climatique et de perte de biodiversité, comme une seule et même problématique.
- Finance: Le renforcement du lien océan-climat-biodiversité peut être davantage réalisé par une meilleure prise en compte dans les stratégies d’investissement et de financement, et par un accroissement des collaborations entre les mécanismes et institutions financiers. Le GEF et GCF, qui opèrent déjà avec les deux Conventions, pourraient construire des ponts entre leurs axes de travail respectifs, en intégrant les enjeux climatiques dans les projets de biodiversité et vice versa.
Ce policy brief a été co-écrit par Loreley Picourt et Marine Lecerf de la Plateforme Océan & Climat, avec les contributions de Sylvie Goyet, Fondation Prince Albert II de Monaco, Raphaël Cuvelier et Françoise Gaill, Plateforme Océan & Climat, ainsi que Rémi Parmentier, Because the Ocean.
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